Blues

Son premier CD en solo, ‘Cut to The Bone’, avait déjà marqué de son empreinte l’année 2006, se positionnant comme l’un des grands albums de blues acoustique. ‘In It For The ride’ enfonce le clou et confirme l’immense talent de cet auteur-compositeur dont les chansons puisent leurs racines au plus profond de l’histoire du blues. Dans son premier opus, Tim Lothar alternait déjà compos et reprises ; c’est à présent un soliste libéré que l’on peut apprécier, notamment sur ses propres compositions (sept sur les douze titres alignés ici) qui évitent les pièges des arrangements racoleurs des mauvais fabricants de blues commercial. Tim Lothar possède une voix et un jeu de guitare râpeux qui ne laissent pas insensibles : vous y retrouvez le chant gorgé d’espoir des travailleurs des champs de coton, la complainte des hommes qui rêvent d’une autre vie, la vibration de ceux qui chantent les femmes et l’amour. 

L’album s’ouvre sur une reprise de John Estes, ‘Someday Baby Blues’, superbement interprétée, suivie par sans nul doute l’une des pièces maîtresses de cet album, ‘Shake It And Break It’ (signée Charley Patton) que Tim Lothar vous chante comme habité, comme s’il en était lui-même l’auteur, en faisant l’une des plus belles interprétations qui aient jamais été gravées. 

Tim donne une seconde âme, celle d’un blanc, à cette musique qui garde en elle la mémoire d’un peuple arraché à sa terre natale. Côté compos, saluons l’excellent ‘In It For The Ride’ (qui donne son titre à ce second album) dont le jeu de gratte vous laissera à penser que vous venez de retrouver un vieux 78 tours à la valeur inestimable, sans oublier un sombre mais très beau ‘Bad Luck’ et un génial ‘I Will Be Home Again’ à vous faire frissonner : émotion garantie. Sans hésiter, et parole de Frankie Bluesy, l’une des toutes meilleurs chansons de blues acoustique de cette décennie !

Adaptée à la sauce Tim Lothar, ‘Carless Love’(chant traditionnel) vous touchera au cœur, tandis que la version de ‘Stones In My Passway’ vous remuera les tripes, tout comme ‘Finally Over Now’, compo de la veine des grands titres signés Robert Johnson ou Charley Patton.

Autoproduit, cet album mérite non seulement le respect mais le droit de figurer à côté de ceux des légendes du blues : un disque remarquable, sur le fond comme sur la forme, un disque hommage à un blues d’une époque aujourd’hui révolue. Ecouter Tim Lothar, c’est admirer le ciel de la New Orleans.

Frankie Bluesy Pfeiffer
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