TIGER ROSE – ROCK ME !

Autoproduction
Blues
TIGER ROSE - ROCK ME !

Putain, quel album de blues intense, quel duo singulier et incontournable, les Jimmy et Mama Reed de la Gironde en somme, mais sans les crises chroniques d’épilepsie et d’éthylisme. J’implore tous les Dieux du blues avec humilité, car j’ai failli commettre un délit d’omission impardonnable. En effet, bien que connaissant évidemment l’existence et l’œuvre (sporadiquement) de Tiger Rose, j’allais, une fois de plus, passer à côté de leur nouvel et 3ème album Rock Me! et laisser choir une chronique dithyrambique et amplement méritée, de ma plume qui semble revigorée et plus alerte que jamais, à l’écoute de Tiger Rose. Merci infiniment aux Dieux du blues qui ont été miséricordieux à mon endroit, car ces derniers auraient pu m’imposer une flagellation avec un bouquet d’orties du maquis Corse, une abstinence drastique au whisky durant trois semaines ou encore l’écoute en boucle de l’intégrale de l’œuvre discographique de Carla Bruni… avec fortes doses de penthotal et injections du sérum de vérité, par des agents de l’ex KGB. Ouf! Je me suis rattrapé aux branches in extrémis, mais je suis toujours sur une pente savonneuse et dorénavant sous étroite surveillance par les Dieux du blues qui m’ont à l’œil. Ce matin, ils étaient assis au bout de mon lit et dans ma tasse de café et hier soir, ils étaient dans le brelan d’as de mon poker.
Tiger Rose, avec Mig Toquereau (vocals, guitars, percussions) et Lady Loretta (vocals, contrebasse, harmonica) est un duo qui distille un blues du Delta acoustique et rural, teinté de boogie et de gospel, implacable et inflexible, hypnotique et envoûtant. Quelle alchimie et quelle osmose que cette rencontre improbable de deux voix uniques et d’une beauté céleste, bien que très différentes. Celle de Mig Toquereau tout d’abord, une voix sombre, caverneuse, d’outre-tombe, avec une tessiture de baryton à donner le frisson, avec les cordes vocales arrosées au Jack Daniel’s, un chant rugueux ayant quelques similitudes avec Tom Waits, Billy Gibbons ou encore John Lee Hooker… Et celle de Lady Loretta, puissante à briser le Crystal et à faire son entrée dans le livre Guinness des records, une voix vigoureuse, suave et sensuelle, une voix haut perchée pouvant monter dans les aiguë avec une aisance naturelle déroutante, une voix gorgée de groove et de feeling à chanter le gospel dans les églises évangéliques du Golfe du Mexique et à transcender les fidèles. La guitare de Mig et la contrebasse (+harmonica) de Lady Loretta, font des merveilles de spontanéité et d’intensité, d’un blues sudiste très roots, tutoyant tous les stéréotypes de l’Amérique profonde, bien loin de l’architecture urbaine de Brooklyn ou de Harlem. Un blues intense et profond, au son brut de décoffrage, sans édulcoration superflue et sans additifs. Le blues à la façon de Robert Johnson, Charley Patton, Son House, John Lee Hooker, Lightnin’ Hopkins ou encore Bukka White…
Tous les titres de l’album sont des compositions originales, sauf Wee Midnight Hours de Blind Willie McTell. Quel pied et quelle jubilation d’écouter en boucle Rock Me! du duo Tiger Rose. Incontestablement, Lady Loretta et Mig Toquereau, ex bassiste des sulfureux bretons de Doo the Doo et comparse de temps à autre avec l’excellent guitariste Anthony Stelmaszack (Louisville), lui-même ancien premier couteau chez les Flyin’ Saucers Gumbo Special, incontestablement disais-je, ils ont réussi leur pari et viennent de sortir un album de blues sans concession, de très très haute lignée, à écouter sans aucune modération et le volume au maximum afin de percer la stratosphère. On le savait déjà, Bordeaux est un véritable vivier, un inépuisable creuset de musiciens de blues, pour la plupart tous des enfants du Cricketers, le célèbre et légendaire juke-joint du quai de Paludate, et Tiger Rose ne déroge pas à la règle. Attention les amis, faites gaffe aux contre-indications et autres effets secondaires, car si vous commencez à écouter attentivement le remarquable album Tiger Rose, Rock Me!, vous en deviendrez immédiatement complètement dépendant, avec moult comportements addictifs irréversibles. Mais comme leur blues de derrière les fagots procure une euphorie galopante et un sentiment de bien-être indescriptible, n’hésitez pas une seule seconde à entrer dans leur univers musical et à plonger corps et âme et avec délectation dans leurs rêves chimériques et leur art de vivre au quotidien. SUBLISSIME et INDISPENSABLE…!!!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, February 24th 2024

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https://www.youtube.com/watch?v=EisjSZ0JJWI