Soul

Pour son neuvième album en près de vingt ans de carrière, le barde norvégien qui débuta en tant que guitariste des désormais quelque peu oubliés Quadraphonics semble plus que jamais résolu à marier la glace et le feu. Si la soul music semble avoir toujours figuré en sous-texte de son indie-folk, Thomas Dybdahl n’en avait en effet jamais si ouvertement assumé l’héritage. Comme le démontre l’instrumental “Intermission” qui divise cet album en deux, le funk venu du froid peut en effet se révéler similaire à l’omelette norvégienne: brûlant à l’intérieur, en dépit de son apparente impassibilité. En huit plages alliant ainsi groove et introspection, notre multi-instrumentiste scandinave favori délivre ainsi son plus sensuel essai à ce jour. Des lascifs “Then There Was You” et “Dance the Pain Away” (réminiscents des Stones d'”Emotional Rescue”) aux moîtes “Call Me By Your Name” et “The Last Song”, en passant par “45” et “On My Way To California” (entre le Curtis Mayfield de “Superfly” et le Sly de “Fresh”), ainsi que la plage titulaire (assumant son héritage gospel), Thomas Dybdahl réconcilie le charnel et le spirituel comme, de Sam Cooke à Prince et de Marvin Gaye à Raphael Saadiq, la tradition de cette musique l’a instauré pour viatique. Un peu comme si, au lieu d’enregistrer à Nassau avec les Meters, le Robert Palmer de “Double Fun” était allé se confiner dans un home studio à Oslo, pour n’en distiller en définitif que la substantifique moelle. Hot and sweaty!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 2nd 2020

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