Thomas Dutronc – Silence on tourne, on tourne en rond

Mercury Records
Jazz

On a beau dire, nous marchons toujours à l’affectif. Il suffit d’avoir vu une fois le bougre en concert pour que l’on ait aussitôt l’impression que l’on se connait depuis des lustres, que l’on est potes, copains d’enfance. Et ce dernier opus ne fait que prolonger l’instant magique de la rencontre. L’affaire est jouée, et avec le sourire, en prime! Coïncidence oblige, j’écoutais justement avant de m’envoyer ce ‘Silence on tourne’, le volume III des oeuvres complètes de Romane dans lequel le petit Thomas apportait sa contribution dans les deux versions de ‘Ombre’, version Studio et version Cinéma, en 1996. Et qu’il s’agit là aussi d’un album somptueux!
La voix est superbement posée, les textes sont intelligents et la philosophie désabusée qui émane de certains textes est celle d’un nombre croissant de terriens: ‘On veut d’ l’amour, toujours, faire partie d’la fête’, ‘A l’amour, à la vie, Au soleil et aux filles je veux lever mon verre…’, ‘On ne sait plus s’ennuyer’, ‘J’perdrai pas à ma vie à la gagner ‘,… C’en est presque surprenant de trouver chez un homme si jeune cette lucidité extrême que l’expérience et les années offrent habituellement aux plus anciens… Mais c’est davantage en esprit frondeur qu’il nous envoie cela à la tête, plutôt qu’en véritable rebelle. Et puis sur cet album il n’y a pas que les réflexions à haute voie du sybarite débridé. Même les chansons douces nous touchent là, au coeur, et l’on s’en voudrait presque de ne pas avoir été nous-mêmes capables de trouver ces mots à dédier ou à offrir à quelqu’un en particulier. Quand aux instrumentaux, rien à dire, ça joue! Ce que l’on a l’habitude de se dire dans les ambiances enfumées de certains concerts où la technicité fusionne avec un réel feeling. Quatre instrumentaux en parfaites symbiose et harmonie avec tout ce que l’on croyait connaître du Jazz manouche. ‘Gypsy Rainbow’, ‘Vinyle 1973’, ‘Valse en Exil’ et ‘Ninine’ en sont la preuve formelle, superbement interprétés par un gang de musiciens hors pair.
Allez voir Thomas et ses potes, car ils tournent actuellement dans l’hexagone. Sinon, allez acheter la galette, vous apprécierez le bon moment que vous passerez avec eux, ces potes qu’on aimerait avoir toujours près de soi.

Dominique Boulay
Blues Magazine, Paris-Move
Thomas Dutronc