THE WHO – The Moon Years – The Legendary Broadcasts

Coda Records
Rock
THE WHO - The Moon Years - The Legendary Broadcasts

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1978, disparaissait l’une des plus légendaires figures de l’âge d’or du British rock. Keith Moon n’était pas que le pitre incorrigible dont raffolèrent les media durant les quinze années de son passage au sein des Who. Personnage bien plus complexe et tourmenté que ne le laissait transparaître son incarnation publique, c’était aussi (et avant tout) l’un des batteurs les plus marquants de sa génération. Son jeu, aussi iconoclaste que peu conventionnel, marqua durablement de son empreinte la musique de son groupe, mais aussi des générations successives de drummers fascinés par son inventivité et son énergie. Depuis sa disparition, quantité de compilations, bootlegs et anthologies ont continué à témoigner de son originalité et de son talent, mais tant pour son titre que de par les performances choisies, cette sélection (issue d’enregistrements live ayant fait l’objet de parutions distinctes, plus ou moins légales et exhaustives) n’en mérite pas moins d’être signalée. Captées respectivement lors des tournées américaines de 1970 (au Tanglewood Music Center de Lenox en juillet 1970, au Spectrum de Philadelphie en décembre 73 et au Watch Tower de Houston en novembre 75), ces dix plages de “The Moon Years – The Legendary Broadcasts” célèbrent pour la postérité la flamboyance scénique des Who dans les seventies. Depuis le “I Can’t Explain” introductif jusqu’au moins éculé “Naked Eye” qui ferme le ban, c’est un feu d’artifice de stop-starts en cliffhangers, un déferlement de contretemps en cascade et une explosion de roulements acrobatiques (double grosse caisse incluse). Attaquée at full speed, la version présente de “My Generation” (couplée comme de rigueur au temps de “Tommy” à “See Me, Feel Me”, et suivie de l’une de ces jams titanesques dont regorgeait à la même période le fabuleux “Live At Leeds”) est l’une des plus féroces jamais enregistrées. L’infaillible complicité qui unissait alors sur scène Townshend, Moon et Entwistle leur autorisait manifestement toutes les audaces, et quelles que fussent alors les directions qu’indiquait la guitare, la section rythmique lui emboitait le pas sans sourciller. Les hymnes qui ouvraient et refermaient le monumental “Who’s Next” (“Baba O’Riley”, avec Daltrey à l’harmonica sur sa coda endiablée, et “Won’t Get Fooled Again”) ne sont pas en reste, de même que le “Behind Blue Eyes” issu de la même fournée. Les versions proposées de “Substitute” et “Summertime Blues” (goûtez-y donc ce raffut) n’ont quant à elles rien à envier à celles de Hull et Leeds. Si l’une des idoles de Moon, le jazzman Gene Krupa, lui décocha un jour le lapidaire “Et vous arrivez réellement à gagner votre vie en jouant ainsi?”, son style peu orthodoxe lui vaut de nos jours encore l’admiration légitime d’une cohorte vivace de kamikazes du rythme.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 11th 2020

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