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Autant le début des seventies s’avéra un grand cru pour les Who, autant la décennie suivante s’annonçait sous les pires auspices… À tel point qu’on les y imaginait bientôt (à l’hospice). À cela, une ribambelle de raisons (la mort de Keith Moon, la crise de la quarantaine approchant, la secousse punk…). Mais surtout, un constat implacable: depuis sept longues années, pas un de leurs albums ne s’était montré digne de leur réputation. Plus paumé et dépressif que jamais, Townshend s’était alors lancé dans une carrière solo parallèle, et cette tournée U.S. de 82 était officiellement annoncée comme leur chant du cygne. Comme de coutume en pareille occasion, les stades ne désemplirent pas, et le quartet (augmenté d’un clavier) s’appliqua à en donner aux foules pour leurs dollars: sans compter les bonus, le concert ici retranscrit ne relâche pas la pression deux heures durant. En l’absence béante de Keith (lequel n’était déjà plus qu’une ombre empâtée avant son décès), le brave Kenny Jones assure tant qu’il peut, et le malaise ne vient finalement pas de lui. Sur le plan visuel, la transformation physique des deux leaders (aujourd’hui seuls rescapés) est spectaculaire: les cheveux soigneusement raccourcis, brushés, laqués et péroxydés, Daltrey apparaît vêtu comme…Jean-Luc Lahaye (gulp), tandis que Pete s’est quasiment déguisé en Mick Jones (le Clash faisait alors leur première partie). Afficher un tel jeunisme de façade quand on a clamé dix-sept ans auparavant vouloir “mourir avant d’être vieux” implique bien entendu sa part de grotesque. D’autant que seuls les hymnes les mieux balisés de leur répertoire parviennent ici à réellement passer la rampe (Townshend se plante même sur le “Quiet One” de son pote Entwistle, en précipitant la conclusion). Clin d’oeil aux Beatles (qui établirent en ces mêmes lieux un record d’affluence lors de leur propre ultime tournée en 1966)? Nos bons vieux Who closent ici leur set par “I Saw her Standing There” et “Twist And Shout”. Un document.
Paris-Move