THE TESKEY BROTHERS – Run Home Slow

Ivy League / Decca Music Group / Universal
Rhythm 'n' Blues, Soul
THE TESKEY BROTHERS - Run Home Slow

Alors qu’ils publient cet été leur troisième album live en à peine huit ans d’existence (“Live At The Hammersmith Apollo”), il convient de revenir sur le phénomène que représentent les Teskey Brothers. En seulement autant d’enregistrements studio, les frangins Josh et Sam Teskey sont en effet débarqués en 2017 depuis leur Melbourne natal avec un concept d’une désarmante simplicité: ce n’est pas parce que vous êtes jeunes, Blancs, Australiens, hirsutes et membres des milleniums que vous n’avez pas le droit de ressusciter le son spécifique des mythiques labels Stax, Volt, Hi et Atlantic des glorieuses sixties… On en a certes connus d’autres à s’être frottés à ce type de challenge (de Eli “Paperboy” Reed à Eddie 9V, en passant par les Monophonics de Kelly Finnigan et les Sinseers), mais il faut bien avouer que, par-delà l’indéniable sincérité des gusses, le plus souvent, ça passe ou ça casse… Les Teskey n’en disposent pas moins de quelques master strokes dans leurs manches, dont la première réside sans conteste dans le timbre rauque et impérieux de Josh. Le genre à faire passer la blue-eyed soul des Box Tops (avec un Alex Chilton pourtant déjà bien déniaisé), et même le trop méconnu Eddie Hinton, pour d’aimables sucreries à destination des teeny-boppers. Car en la matière, le gosier en question relève plutôt du goudron buriné dont un Joe Cocker fit jadis son miel (il suffit d’écouter “Sun Come Ease Me In” et le finement intitulé “Paint In My Heart” pour y saisir la fibre Grease Band at Woodstock de “With A Little Help From My Friends”). Deuzio, comme disait Alphonse Boudard, ces zozos connaissent manifestement le Grand Livre sur le bout de leurs onglets (Sam a manifestement tout assimilé des jeux croisés de Steve Cropper, Jimmy Johnson et Duane Allman), et ils savent défourailler le Hammond B3, le quatuor à cordes, les backing vocals ou les cuivres façon Memphis Horns à discrétion. Mais en dépit de ces arômes savamment sélectionnés, ce genre de stew ne prend jamais vraiment sans l’ingrédient essentiel: les chansons. Et dans ce registre, s’ils ont manifestement potassé à fond leurs James Carr, Walter Jackson et Otis Redding (“Let Me Let You Down”, “Carry You”, “Man Of The Universe”, “Rain” et “Hold Me”, à s’y méprendre), les Brothers s’avèrent également capables de rivaliser avec Lee Fields, Charles Bradley et Sharon Jones sur leur propre terrain (“So Caught Up”). S’ils se permettaient alors encore quelques récrés occasionnelles (le ragtime suranné “Sunshine Baby”), ils n’en manquaient pas pour autant de conclure sur un “That Bird” pour lequel d’autres frères (Chris et Rich Robinson des Black Crowes) se seraient sans doute damnés. On vous le disait, un phénomène!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 15th 2025

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