The Rolling Stones – Totally Stripped

Eagle/ Universal
Rock

Décidément, chaque trimestre nous apporte sa nouvelle livraison d’archives vidéo des Stones. Et cette fois, la mise en abîme s’avère de taille! En 1995, en pleine folie MTV Unplugged (de Dylan à Neil Young, en passant par Rod Stewart et bien sûr Clapton), le Jag a l’intuition mercantile que la formule pourrait bien lui décrocher un nouveau jackpot. Bill Wyman les a alors quittés depuis trois bonnes années, et Mick Taylor depuis deux décennies. Sur les travées de leur album "Voodoo Lounge", les vieux grigous viennent de s’enquiller deux ans de tournée mondiale et le concept "jouons la profil bas" évoque alors ces patrons du CAC 40 se faisant photographier pour Paris-Match au volant de la R5 de leurs enfants. Cette série de concerts intimistes (une salle de 2.000 places comme l’Olympia, c’est l’équivalent de la fête à neuneu de Plougastel pour une institution comme les Stones) est l’occasion de les côtoyer au plus près de l’os. Tout le monde ou presque possède un beau-frère qui joue de la guitare mieux que Ron Wood, mais c’est précisément là que réside le principal atout du bougre: cet infiltré venge tous les tribute bands de la planète. En fait, comme il le confesse avec candeur ici, il EST un tribute band à lui tout seul ("J’essaie de prolonger la tradition en repiquant un riff de Mick Taylor par ci et un lick de Brian Jones par là, au service de ces chansons dont j’étais fan avant de me joindre à eux"). Alors, qu’importe que sur la scène restreinte du Paradiso d’Amsterdam ou celle de la Brixton Academy, les pièces rapportées (de Chuck Leavell à Bernard Fowler, en passant par Bobby Keys, Lisa Fischer et Darryl Jones) soient trois fois plus nombreuses que les derniers Stones originels encore en lice. Ce DVD (accompagné du CD audio correspondant) permet de constater que, s’ils accusaient déjà le poids des années il y a vingt ans, cette bande de pirates à la manque aurait bien pu postuler au titre de "meilleur groupe local du monde" (désormais attribué pour l’éternité à Dr. Feelgood), si la gloire ne s’en était mêlée. Ne boudons cependant pas notre plaisir : ces fossiles rockaient encore fièrement, en ces temps révolus.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

The Rolling Stones