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Pour qui suit tant soit peu les sorties DVDs des Stones depuis une décennie, le processus s’apparente à la fois aux albums de Tintin et à la série des San Antonio (“les as-tu tous lus…?”). Depuis “Les Rolling Stones en Amérique” jusqu’à “Keith rectifie le Portrait du Patron du Marquee”, en passant par “Les Rolling Stones contre les Yakusas”, “Les Stones jouent aux Cons à Altamont” et “Les Stones chez Martin Scorcese”, le fan ne sait plus où donner de la tirelire. Sauf qu’après ‘Les Sonotones chez Castro”, cette fois, tout le monde descend. Entretemps, nos cacochymes ont publié un inespéré album de blooooze, et ce DVD-ci dépasse enfin (et de loin!) le simple compte rendu de leur 379ème tournée mondiale (celle de 2016). Car depuis Bianca Perez Moreno de Macias, les Stones et l’Amérique latine entretiennent une relation particulière, et à un âge où la plupart de leurs contemporains savourent une retraite méritée, c’est précisément là que ce documentaire bifurque. En les suivant au quotidien dans leur périple (d’aéroports en hôtels, mais aussi à la rencontre de leurs fans locaux), Paul Dugdale scrute au plus près ce que peut signifier d’être encore les Stones à près de 75 balais. Tel un Robert Redford frippé (pléonasme), Jagger reprend son rôle du temps des tractations avec les autorités d’Altamont, cette fois dans la perspective du concert de Cuba. Et bien qu’aussi blanchis et déplumés qu’une version rincée d’Heckle et Jeckle, Richards et Watts perpétuent leur connivence de plus d’un demi-siècle. Toujours autant à l’Ouest, ce brave Ron Wood persiste quant à lui à se teindre la houppe et à bénir la grâce qui le toucha voilà quatre décennies. Si vous possédez le “One+One” de Godard et “Gimme Shelter” des frères Maysles, voici la dernière pièce du puzzle. Idéale pour dissiper quelques uns des mystères de la geste des Stones sur plus d’un demi-siècle, et recommandée donc aussi à Mick Taylor et Bill Wyman !
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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