The Rolling Stones – L.A. Forum – Live in 1975

Eagle Vision
Rock

1975: les Stones sont dans la merde… Oh, pas financièrement, non (pour ça, remontez cinq ans en arrière). Pire encore: artistiquement. Le wonder boy choisi pour pallier à l’absence de Brian Jones, l’ange blond Mick Taylor, vient de les plaquer juste avant les sessions de leur prochain album et ils entament leur tournée américaine avec un intérimaire pas du tout certain d’assumer la relève: Ron Wood, fraîchement affranchi des Faces, un groupe de seconds couteaux tout juste bon à faire office de ‘Stones du pauvre’ (et la plupart du temps en état d’ébriété avancée). L’album, mis en boîte à Munich avec une brochette d’impétrants à la succession du soliste en or, n’est pas encore sorti, et cette tournée américaine 1975 est annoncée partout comme leur chant du cygne. Conscients de leur faiblesse, les Stones tentent de compenser en recourant à une ribambelle de zicos d’appoint. Outre le fidèle Ian Stewart au piano, ils s’appuient sur l’envahissant Billy Preston (qui amène avec lui son propre percussionniste, Ollie Brown), et comme Bobby Keys s’avère en délicatesse avec Jagger, le saxophoniste Trevor Lawrence vient le suppléer en cas de défaillance. Bref, on l’a connu plus faraud, le “meilleur groupe de rock n’ roll du monde”.
Dans ce contexte “ça passe ou ça casse” (avec un Keith Richards aussi chargé qu’un peloton du Tour de France), ils se montrent tour à tour prudents (arrivée sur “Honky Tonk Women”: à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire) et téméraires (“Fingerprint File”, “Wild Horses”, “Heartbreaker”, “Gimme Shelter”). À l’arrivée, Jagger s’avère néanmoins une fois encore vainqueur par K.O., puisque par-delà le fâcheux intermède où l’on subit Billy Preston ACCOMPAGNÉ par les Rolling Stones, les six titres finals (“Brown Sugar”, “Midnight Rambler”, “Rip This Joint”, “Street Fighting Man”, “Jumping Jack Flash” et “Sympathy For The Devil”) emportent toute résistance… Arc-boutés sur leur patrimoine, les Stones se dirigent résolument vers un avenir où il s’agira désormais de faire fructifier leur glorieux passé. Historique, indeed.

Patrick Dallongeville
Paris-Move
The Rolling Stones