THE ROLLING STONES – Grrr Live!

Mercury Studios / Universal Music France
Rock
THE ROLLING STONES - Grrr Live!

Savez vous la différence entre un groupe culte et LE culte envers un groupe? Réponse: environ 200 millions d’adeptes… Sans compter la multitude de vassaux se bousculant pour rendre hommage à leurs suzerains pour chacune de leurs célébrations! Car depuis leur intronisation au Rock n’ Roll Hall Of Fame et leur jubilée voici une dizaine d’années déjà, presque tout chez les Stones relève de l’anachronisme. De leur incroyable longévité à leur capacité à s’adapter (et survivre) aux modes et courants qu’ils ont plus ou moins suivis et traversés, jusqu’à leur propension croissante à inviter à les rejoindre sur les planches des comparses dont certains n’étaient même pas nés quand ces Rustin’ Bones cartonnaient avec “Satisfaction” et “Jumpin’ Jack Flash”, leur trajectoire donne le tournis. Quand il introduit les minots John Mayer et Gary Clark Jr pour une reprise de “Going Down” (qu’il attribue à tort à Freddie King, alors que ce dernier n’en fut que l’un des maints interprètes, aux côtés de J.J. Cale), Jagger, qui devrait pourtant connaître son blues sur le bout des ongles, ne commet pas qu’une bourde ou une simple faute de goût (l’auteur en est Don Nix). Il participe de fait à cette ample confusion des genres qui lui permet de recevoir, à deux soirs de distance, Lady Gaga (époustouflante) pour lui donner la réplique sur le mythique “Gimme Shelter”, et Mick Taylor le maudit, pour un “Midnight Rambler” reconstituant avec Keith The Riff un redoutable tandem en ciseaux, plus ouï depuis “Get Yer Ya-Ya’s Out” et “Brussels Affair”. Après Sheryl Crow, Axl Rose, AC/DC, Buddy Guy et Bo Diddley, les Black Keys et Bruce Springsteen apposaient donc ici leurs noms au tableau de chasse de nos grigous. Et cette séquence blues torride (qui voit les antédiluviens Heckle & Jeckle du gang de Richmond se fendre chacun d’honorables soli, poussés dans leurs retranchements par une jeunesse à laquelle ils transmettent symboliquement leur flambeau) constitue l’une des (rares) surprises de ce set, et l’un de ses sommets. Voici donc l’ultime concert de la tournée de leur cinquantième anniversaire (la première à ne pas promouvoir un nouvel album, mais plus prosaïquement une énième compilation), et si l’on y trouve pour l’occasion la réactivation d’antiquités telles que “The Last Time” et “Get Off My Cloud”, et si les alors presque neufs “Doom & Gloom” et “One More Shot” y ressemblent davantage à du vieux New-York Dolls (il est vrai que l’on se trouvait alors dans le New-Jersey), ce vieux disco poussif de “Miss You” (au regard duquel le Rod Stewart d’alors aurait presque pu passer pour Burt Bacharach) offre quand même au compétent Darryl Jones sa minute de gloire en solo, et à un Bobby Keyes semi-clochardisé son ultime baroud d’honneur. Alors, une vidéo de concert des Stones de plus, à quoi bon, nous direz-vous? Oseriez-vous demander de même à un catholique ou à un musulman pourquoi ils retournent à l‘église ou à la mosquée chaque fin de semaine? It’s only rock n’ roll, mais tant que ces pierres rouleront, convenez que vous ne sauriez en décrocher vous non plus, pas vrai? Et puis, à 71 ans passés, Charlie était encore fringant, and he was good tonight, indeed.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 10th 2023

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