THE POLICE – Around The World

Restored & Expanded // Mercury Studios / Universal Music Group
Rock

Bon Dieu, Police… Et si, n’en déplaise à Malcolm McLaren, la plus grande escroquerie du rock n’ roll, ç’avait finalement été eux? Près de quarante ans après leur glorieux dépôt de bilan, Police s’érige encore et toujours comme l’ultime doigt d’honneur brandi par la vieille garde du rock à sa pseudo-relève punk. Jugez-en: Gordon Sumner (alias Sting pour les gogos), déjà 26 ans au moment des faits, ex-contrebassiste d’une obscure formation jazz-rock de Newcaste (Last Exit, tout un programme…), suivi d’Andy Summers, 37 balais (soit déjà quasi-cacochyme, selon les critères new-waveux alors en vigueur), ex-second couteau au sein des New Animals de cet autre has-been d’Eric Burdon (puis auprès de Kevin Coyne et Kevin Ayers, street punk credits par excellence, indeed). Puis enfin, de Stewart Copeland, leur benjamin américain, mari de Sonja Kristina (chanteuse héraldique du progressive band Curved Air, dont il fut le batteur surdoué jusqu’en 1975), frère de Miles Copeland (mogul d’IRS Records), et fils d’un cadre de la CIA. Comme le disaient déjà Dutronc et Lanzmann en 68 (préfigurant Bruno Lemaire, Edouard Philippe, Jean-Yves Le Drian, Christophe Castaner, Gérald Darmanin et bien d’autres à venir): “Je retourne ma veste, toujours du bon côté”. Telle fut en effet la démarche de ces potentiels relégués quand ils humèrent, le vent tournant, le fumet de la bonne soupe que pouvait leur procurer cette soi-disant new-wave. Fortes de leur évident savoir-faire technique, ces trois fausses blondes allaient en effet vampiriser mieux que quiconque le skank beat jamaïcain, pour en assaisonner leur pop FM à même de porter à émulsion les machines à cash internationales. C’est le reportage romantisé (façon Brian Epstein) de leur première tournée mondiale, telle que supervisée par ce renard de Miles Copeland, que propose la version augmentée et restaurée de ce rockumentaire d’époque. Passé les séquences comiques dignes de “Help” et “Hard Days Night” (Andy Summers embringué dans un combat de sumos!), on suit donc nos globe trotters parmi les rues de Hong-Kong et le métro de Kyoto, ou au pied des pyramides d’Égypte et du Parthénon, en Inde, au Brésil ou en Espagne, voire même dans notre Hexagone. Le DVD originel s’augmente non seulement de quatre titres bonus restitués in extenso live, mais aussi d’un plein CD (ou vinyle) compilant onze plages, elles aussi captées en concert, lors de prestations du groupe à Kyoto, Hong-Kong et l’Hammersmith londonien. Outre de sagaces notes de pochette signées Andy Summers (75 printemps aux fraises), ce DVD permettra aux fans invétérés de mesurer tout le star potential d’un Sting alors encore poupin et presque chérubin, ainsi que l’impressionnant jeu sur les fûts de Stewart Copeland (l’un des trois ou quatre meilleurs batteurs de la nouvelle vague). Ah, folle jeunesse…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 14th 2022

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Pour la première fois en CD + DVD, CD + BLU-RAY et Vinyle + DVD