THE POGUES – The BBC Sessions 1984-1986

Warner
Celtic Folk
THE POGUES - The BBC Sessions 1984-1986

Ayant emprunté leur nom à une expression courante de l’argot gaélique irlandais (“pogue mahone” signifie en effet “embrasse mon cul”), les Pogues s’agrégèrent dans le quartier de Kings Cross en 1982, autour de la figure emblématique de Shane McGowan. Trublion notoire ayant fait quelques années auparavant partie du fameux Bromley Contingent (bande informelle mais haute en couleur constituant alors la suite itinérante des Sex Pistols), les gargouillis qu’émettait alors ce pseudo-leader aux oreilles aussi décollées que celles des O’Hara (cf. “Les Rivaux De Painful Gulch” de Morris et Goscinny), et à la dentition rappelant certains quartiers londoniens après un raid de la Luftwaffe, auraient fait passer Tom Waits en personne pour le plus suave des crooners. À ses côtés, on signalera parmi les membres fondateurs le guitariste Phil Chevron (ex-Radiators) et la bassiste Cait O’Riordan, bientôt appelée à accéder au rang de Mme Elvis Costello (avant Diana Krall, les jeunes). Le celtic folk éthylico-festif de ces joyeux trouble makers égaya nombre de venues et festivals de 1982 à 2014, en dépit d’un hiatus de 1996 à 2001 (et de quelques allers-retours de McGowan, dont le remplacement fut même un temps assuré par le regretté Joe Strummer). Ayant initialement fait l’objet d’un tirage vinyle limité lors du dernier Disquaire Day (fin août dernier), 16 de ces 23 titres des Pogues apparaissent donc pour la première fois au format CD (augmentés pour l’occasion de 7 inédits supplémentaires). Captées respectivement lors de deux John Peel Shows ainsi que de l’émission de David ‘Kid’ Jensen en 1984, puis du Phil Kennedy Show en mars 85, et enfin de deux Jamie Long Shows, ces sessions live à la BBC alerteront tout néophyte en matière de folk celtique. En effet, les titres les plus enlevés (les trois qui ouvrent cette collection, par exemple) témoignent de telles similitudes avec le bluegrass des Appalaches et la vintage country amerloque que l’on ne peut qu’y discerner certaines des plus irréfutables racines de ces musiques dites américaines, dont on nous rebat fréquemment qu’elles proviendraient essentiellement du continent africain. De jigs au beat de polkas frénétiques (“Greenland Whale Fisheries”, “Poor Paddy On The Railway” ou “Muirshin Durkin”) en reels de quadrilles (“Dingle Regatta” ou “Sally McLemane”) et en three steps au mal de mer (“A Pair Of Brown Eyes”), ces virtuoses du tin whistle, de l’accordéon, du bodhràn, du banjo et de la mandoline vous refilent encore des fourmis dans les arpions, plus de trente ans après leurs prestations. Et quand vous gagnent les inéluctables effets secondaires des hectolitres de malt fermenté dont traitent la plupart de ces chansons de matelots assoiffés, rien de tel que de languides mélopées comme “The Auld Triangle”, “Navigator”, “Danny Boy”, “Lullaby Of London” ou l’inénarrable “Dirty Old Town” pour vous soigner ­la gueule de bois. Une salutaire alternative aux funestes “Lacs Du Connemara” de la paire Sardou-Delanoë, en somme.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 26th 2020

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The Pogues – Dirty Old Town: