Pop, Rock

Pour son neuvième album studio en vingt ans de carrière, The Parlotones, la formation leader de la scène pop-rock sud-africaine, revendique plus que jamais l’héritage d’une britpop fantasmée depuis le pays des Springboks. L’imitation d’accent cockney et le ska-disco beat d'”Antidote” accusent ainsi la similitude avec les premiers Blur et Pulp, tandis qu’avec leur facture néo-Oasis, “Leave A Light On” et “Can You Feel It” aspirent manifestement au même statut d’hymnes des stades que les “Wonderwall” et “Don’t Look Back In Anger” des Mancuniens (on y entrevoit déjà les briquets dûment allumés). La dimension lad-rock introduite dès le “Buckle Up” d’ouverture se prolonge via “Downtown Love”, “Young & The Guilty” et “Manufactured Kings”, tandis que d’autres plages (“Beautiful Life”, “Golden Lion”, “Side By Side”, “Only The Good Die Young”, “Keep Reminding Me”, “Heat Of The Moment”) proposent une survivance chorale à l’art de Crowded House. Lignée que l’on pourrait presque retracer jusqu’à l’ancêtre de cette fameuse formation australe, le Split Enz des frères Tim et Neil Finn, si nos Afrikaners daignaient toutefois faire preuve de quelque second degré et d’un brin de fantaisie. Après tout, leurs modèles à tous, les Kinks, les Sparks et les Fab Four, n’y répugnaient pas, eux. À défaut de cet ingrédient crucial, et même s’ils confirment leur capacité à recréer en laboratoire jusqu’à des succédanés de Coldplay (“I Feel Over Nothing”, “Goodbye To The Show”), on craint que l’adjectif consensuel ne puisse un jour se décliner à leur égard en deux parts d’association péjorative.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 19th 2020

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