THE PARANOYDS – Carnage Bargain

Suicide Squeeze / Differ-Ant
Garage-Punk

Les groupes de filles sont à la mode, les groupes de filles reviennent… Depuis Fanny, Birtha et les Runaways, combien de fois avons nous entendu cette antienne? Dans la lignée de leurs aînées d’Ex-Hex et The Coathangers (et dans celle de Hole, dont on annonce la reformation imminente), The PARANOYDS de L.A. tentent donc leur chance avec ce premier LP (précédé d’une poignée de EPs et de gigs ayant suscité le buzz). Leur trio fondateur présente une particularité intéressante, puisque Staz Lindes et Lexi Funston échangent indifféremment leurs instruments (basse et guitare), sans que le son du groupe s’en trouve foncièrement altéré. Sur scène Staz affiche une jovialité exubérante, son frais minois échevélé barré d’un large sourire adolescent, tandis qu’à ses claviers, son amie Laila Hashemi assume le rôle impassible de chef de bureau. Une présence duale à la Mael brothers, en somme. Toutes trois chantent, que ce soit en lead ou en chœur, produisant ces connotations sixties, mâtinées sur le plan sonore d’une touche garage-punk prononcée. Seul mâle de ce club, le batteur David Ruiz complète le tableau de sa frappe décisive. Références moins galvaudées que celle de Courtney Love (citée sur le sarcastique titre éponyme) dans ce micro-milieu largement codifié, les Headcoatees anglaises d’Holly Golightly inspirent l’imparable “Girlfriend Degree” (dont le riff-boutoir à la Troggs sous-tend le propos féministe), tandis que “Face First” et “Hungry Sam” s’assortissent d’effets rétro désuets à la B 52s. “Bear”, “Egg Salad” et la plage titulaire évoquent pour leur part les Breeders, tandis que l’orgue Farfisa de Laila accrédite le pédigrée “Nuggets” de l’ensemble, avec ses touches acides à la Seeds et ? & The Mysterians. “Rat Boy”, qui clôt ce 10 titres des PARANOYDS, figurait déjà dans une version primitive en ouverture de leur tout premier E.P. Pour paraphraser l’un des slogans libertaires que s’approprièrent naguère les riot girls, “les gentilles petites filles vont au paradis, les autres vont où elles veulent”.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 29th 2019