THE NIGHTHAWKS – Established 1972

Vizztone
Blues, Rock 'n roll
Nighthawks

Au titre auto-revendiqué de “meilleur groupe de bar au monde”, les Nighthawks pourront bientôt apposer celui de la longévité la plus remarquable. Formé dans l’État de Washington en 1972 par le chanteur-harmoniciste Mark Wenner et le guitar-slinger Jimmy Thackery (avec le bassiste Jan Zukowski et le batteur Pete Ragusa), ce band mêlait dès son origine ses racines bluesy à des références au vintage rock n’ roll. Parmi la quinzaine de membres s’y étant succédés, on distingue quelques usual suspects tels que Warren Haynes (Allmans, Gov’t Mule), Jimmy Nalls (Sea Level), Jimmy Hall (Wet Willie), James Solberg (Luther Allison) ou Pete Kanaras, et leur discographie comprend une bonne trentaine d’albums (dont une demi-douzaine live). Wenner et Thackery en ayant par ailleurs enregistré chacun plusieurs (que ce soit en leader ou en solo), on mesure l’empreinte de ce combo sur le demi-sècle d’american music écoulé. Pour cet anniversaire, le line-up actuel (constitué, outre Wenner et le batteur Mark Stutso, du guitariste Dan Hovey et du bassiste Paul Pisciotta) n’a pas fait les choses à moitié, délivrant pas moins de 14 titres (dont six originaux). Dès les “Nobody” et “You Seem Distant” d’ouverture (ainsi que le double-shuffle “Coming And Going” du drummer), on se remémore ces eighties où, heureux frontaliers de la Belgique, nous y saisissions chaque année ou presque nos chers Nighthawks à la même affiche que The Crawl, les Fabulous Thunderbirds et autres Radio Kings, dans l’un ou l’autre des Blues Festivals flamands et wallons. Sur ces deux titres, les six cordes de Hovey riffent en effet comme celles des Jimmie Vaughan et Mike Morgan d’alors, tandis que l’harmo de Wenner y évoque immanquablement celui du regretté Lee McBee. Ne répugnant pas à pousser la soul romance de fin de bal (ces “I’ll Come Running Back To You” et “West Memphis”, où Wenner fait scintiller son chromatique tout en croonant comme s’il animait une croisière au large du Golfe du Mexique), les Nighthawks n’en demeurent pas moins l’un des meilleurs good time blues combos en activité, comme en attestent leurs reprises du “Take It Slow” de Jimmy Reed et du “Ask Me Nice” de Mose Allison. Mais quand ils adaptent le “Johnny Too Bad” de Delroy Wilson et Wilson Bailey, c’est pour en usiner une rock n’ roll rocket bien éloignée de la version calypso qu’en restitua Taj Mahal au temps de leur naissance, et l’on peine à croire que ces lascars ont dépassé l’âge limite auquel notre bien aimé président du CAC 40 prétend nous maintenir encore au turf (de même pour leur cover twist & surf du “Ain’t That Lovin’ You” de Ivory Joe Hunter). Quand ils abordent les rivages funky sur le dévastateur “Gas Station Chicken”, Wenner ouvre grand les vannes, et ses complices lui donnent la réplique en chœur tandis que son Astatic y entre en fusion, et que les six cordes de Hovey lui disputent le front stage. Plus surprenant encore, leur “Houseband” déambule sur un glam beat comme ceux que servaient Sweet et Suzy Cointreau au temps de leur splendeur du “Ballroom Blitz”. Le rockab’ n’aurait raté la fête pour rien au monde, et c’est le “Run Red Run” que Leiber & Stoller offrirent aux Coasters qui s’y colle, tandis que les phalanges de Hovey y révisent le bréviaire instauré par Scotty Moore et Carl Perkins. Le languide hillbilly “Driving” conclut en un savoureux pied-de-nez cet album célébration, synthèse réussie d’une carrière sans faute.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 18th 2022

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