Blues |
On avait déjà les Sheriffs, ne voilà-t-il pas les Marshals! Un faux duo guitare-batterie façon Black Keys, mais avec un harmoniciste en plus. Par chez moi, on appelle ça un trio, mais alors sans basse ni faux col. Viennent du Bourbonnais français. De quoi apprécier certains breuvages distillés dans le Sud amerloque. S’il fallait absolument leur trouver des affinités contemporaines, on citerait volontiers les Imperial Crowns, ne serait-ce que pour le drumming implacable et buté de Thomas Duchézeau, et leur approche à la fois roots et iconoclaste. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter leurs versions glaiseuses du “Folsom Prison Blues” de Johnny Cash et du “Rockin’ Daddy” de Chester Burnett. Le guitariste Julien Robalo assure, outre les parties vocales, toutes les compos. Les pieds dans la tourbe et les yeux rivés sur la cime d’arbres torturés et vers l’astre rougeoyant, ces Marshals là évoquent les spectres égarés dans la brume électrique de Bertrand Tavernier. Pour eux, nul pardon ni salut, la quête semble demeurer l’ultime recours contre la damnation. Et tandis que le général Hiver déploie sur la lande décharnée une noria de corbeaux faméliques, c’est quoi ce frisson? Le hoodoo vient de faire trois nouvelles victimes, et il ne s’arrêtera pas en si mauvais chemin. Cachez vos femmes et enfermez vos filles: comme l’évoque leur “Long Night”, une mauvaise lune se lève.