THE LIMINANAS – Electrified

Because
Psycho garage
THE LIMINANAS - Electrified

À grand renfort de Farfisa, de fuzz, de wah-wah et de tambourin (fondamental, le tambourin), Marie et Lionel Limiñanas se sont hissés depuis le statut (mérité) de groupe culte jusqu’à l’audience (inespérée) d’un presque mainstream. Ce qui mène certains pisse-froid à se demander ce qui les distingue désormais du Laurent Voulzy de “Rockollection” et du Thierry Hazard de “Le Jerk”… Réponse: mais tout, pardi, TOUT! Entre la Jacqueline Taïeb de “7h Du Matin” (“Migas 2000”, “Belladelic”) et le Polnareff de “La Poupée Qui Dit Non” (“I’m Dead”, ou cet entêtant “Dahlia Rouge” qui venge le jeune Eric Charden), ces délires freakbeat réminiscents de Ronnie Bird (le désormais classique “Je Ne Suis Pas Très Drogue”), des Seeds (“Je Suis Une Go-Go Girl”, “Je M’en Vais”, “Salvation”), du Gainsbourg période “Chez Les Yé-Yés” (“La Fille De La Ligne 15”, “Prisunic”) et “Initials B.B.” (“Calentita” ou “Saul”, avec Laurent Garnier), des Shadows Of Knight (“Votre Côté Yéyé M’emmerde”, “Hey I’m Going Down”), du Velvet séminal (“Istanbul Is Sleepy”, avec un Anton Newcombe tétanisé par le Iggy berlinois, “The Gift” avec Peter Hook de New Order, ou encore “Dimanche”, avec Bertrand Belin en talk-over), voire des Prisoners (“Down Underground”, “USA Motorbike” et le confondant “Carnival Of Souls”, avec leur ami et néanmoins voisin Pascal Comelade), ce duo miraculeux témoigne en permanence d’un goût et d’une érudition rarement égalés dans notre Hexagone, si longtemps pollué par les infâmes épanchements des Sardou, Cloclo, Mike Brant et consorts. Le western-spaghetti s’invite furtivement pour souligner la dimension anachronique de ce ménage à plusieurs (le banjo morriconesque sur “Cold Was The Ground”, sans rapport avec le hululement lugubre du Blind Willie Johnson homonyme), de même que le Donovan psycho circa “Barabajagal” (“El Beach”, “My Black Sabbath” – sans davantage de relation à Ozzy – et “Shadow People” avec Emmanuelle Seigner). On pourra toujours chipoter en considérant la piteuse prestation d’un Étienne Daho égal à lui-même (“One Blood Circle”), et ergoter que l’inédit avec Areski Belkacem n’aurait guère perdu à le demeurer. Il n’empêche, en deux CDs ou/et deux vinyles 33cm (voire trois en édition spéciale, et orange pour les collectionneurs compulsifs – mais déjà sold out et donc collector), cette anthologie propose non seulement les premiers singles du duo (devenus rares), mais aussi sept titres des obscurs Bellas (précédent band de Lionel et Marie), dont les très Merseybeat et early-Byrds “She’s On My Track” et “A Dream That Slips”, tandis que “Drown” rappelle les premiers Fleshtones (et donc aussi Mitch Ryder & The Detroit Wheels). Comme auraient pu le commenter en leur temps Franck Thénot, Daniel Filipacchi et Jean-Marie Périer, “ce jeu de pistes est en tout point épatant”.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 30th 2022

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THE LIMINANAS – Electrified: à commander sur leur Bandcamp, ICI

PS : Comme le “London Calling” de Clash, le lay-out de ce disque en évoque un autre, tout aussi iconique (voir ci-dessous)

PSS: l’édition triple vinyle organge (sold out et donc collector):