THE LH EXPRESS – Painting Stars

Autoproduction
Southern blues-rock

Natif d’Ottawa, le chanteur et guitariste Lucas Haneman est né prématuré, et en est resté affligé d’une déficience visuelle quasi-totale. Sensibilisé tout jeune à l’instrument par son père, il s’est entiché de la guitare dès l’âge de six ans, s’attachant d’abord à la pratique du folk et du blues acoustique, avant d’opter pour le rock alternatif et autres styles plus expansifs à l’adolescence, pour revenir ensuite à ses premières amours via un détour par le jazz. Il a publié un premier album solo en 2011, avant de former un duo acoustique avec la chanteuse Megan Laurence (The Blind & The Beautiful). Ces deux-là forment le noyau d’un quatuor d’abord intitulé Lucas Haneman Express (ayant déjà publié trois albums entre 2014 et 2019). Après un second album solo acoustique paru l’an dernier (“Plucker’s Lament Vol. 1”), Lucas nous livre à présent son quatrième essai en tant que bandleader d’une formation désormais désignée par ses propres initiales, The LH Express. “Getaway” ouvre le ban en mode country-gospel, avant que la section rythmique ne l’entraine sur un zydeco beat zébré de power-chords électriques. Avec les voix mêlées de Lucas et Megan, on y songe au Anders Osborne de “Which Way To Here”: même mix acoustique et électrique sur roots beats puissants. C’est sur un riff emprunté à James Brown et au Jeff Beck de “You Know What I Mean” que vient ensuite un “Not Today” chanté lead par le timbre soulful de cette chatte écorchée de Miss Laurence, dont le timbre évoque ici de fières soul women telles que Claudia Lennear, Lisa Fischer ou Judith Hill. Lucas reprend le chant lead pour un “Cabin Fever” confirmant l’influence qu’a pu revêtir l’ombre des Allman Brothers sur son inspiration: mêmes rhythm patterns dédoublés, et même lyrisme dans les envolées de six cordes, tandis que les chœurs y impriment leur propre ferveur. “Being Strong” poursuit dans cette veine, mais cette fois en mode southern soul, et le timbre chaud de Megan sied à point à cette ballade mélancolique. Les six cordes de Lucas y prennent un solo d’une fluidité rappelant les styles respectifs de Dickey Betts et Warren Haynes, empreint d’un swing retenu et gorgé de ce feeling sudiste caractéristique. Nos amis poursuivent dans ce registre, sur le funk léger d’un “Snapshot” rappelant celui du “Blue Sky” que les frangins Duane et Gregg distillaient voici un demi-siècle sur “Eat A Peach”. Couple dans l’esprit de celui que forment Derek Trucks et Susan Tedeschi, Megan et Lucas y mêlent leurs timbres pour délivrer des images de sunsets rougeoyants, tandis que la guitare de ce dernier en accentue encore la référence. Le single extrait de ce LP, l’enlevé “Hot Minute”, poursuit cette ligne sudiste, entre le Rossington-Collins Band (où sévissait avec bonheur Dale Krantz, l’épouse du regretté Gary), et Lucas y délivre un louvoyant solo de slide dans l’esprit Skynyrd qui sied à ce titre. L’impétueux mid-tempo “When I’m With Her” persiste dans la même veine blue-eyed funk, et il n’est que temps de mentionner l’impeccable rythmique qu’y prodiguent le bassiste Martin Newman et le batteur Valera Negovora. On ne prendra pas le risque de radoter en signalant que les parties de guitare s’y avèrent à nouveau aussi ravageuses qu’impressionnantes, puisque la pièce de résistance que constitue le feutré “These Walls” (chanté le cœur au bord des lèvres par une Megan d’une sensualité troublante) emprunte les voies du Fleetwood Mac période “Rumours”. Le toucher de cordes de Lucas y avoisine dès lors celui du Lindsey Buckingham d’alors, tandis que les percussions de Valero et les refrains chantés à l’unisson par nos deux tourtereaux accentuent la similitude au possible. Lucas a aussi tâté du reggae, et bien que ne s’y apparentant que de loin, le beat à contretemps de “Rising From The Dead” en témoigne manifestement. Cet album des plus convaincants se referme dans le ton qui le domine, avec le Louisiana gospel en second-line beat lui donnant son titre, offrant à la puissante Megan et à la slide de son homme une dernière occasion de briller. Avec pareille carte de visite, voici une formation qui mériterait assurément une plus vaste reconnaissance. En attendant qu’ils franchissent l’Atlantique, nous vous recommandons en tout cas ce disque sans réserve!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 30th 2023

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The LH Express – Album Release Party,:
June 2nd, Irene’s Pub Restaurant, Ottawa: HERE