The Indispensable Rockabilly 1951-1960

Frémeaux & Associés
Rock

En plus de six décennies, l’étiquette est devenue un joyeux fourre-tout, aussi n’est-il pas superflu de revenir aux origines d’un courant auquel s’abreuvèrent toutes les générations suivantes. Car si le rockab’ ne s’assimile pas exclusivement au rock n’ roll, il ne le fait pas davantage à la country. Genre hybride (bien qu’intégralement blanc, et pour l’essentiel d’origine rurale), il n’en franchit pas moins le Rubicon de la ségrégation et du racisme alors en vigueur sur ses terres fondatrices. Que l’on se représente le scandale, tel qu’incarné par de semi-voyoux tels que Jerry Lee Lewis et Elvis Aaron Presley: notre belle jeunesse, élevée au grain et à l’office du dimanche, se compromettait soudain avec les sons diaboliques que colportaient des Nègres animistes, affranchis de surcroît moins d’un siècle auparavant par des Yankees n’ayant jamais eu pour les traditions du Sud qu’incompréhension et mépris! S’il est aisé de repérer, parmi les premiers enregistrements compilés chronologiquement au fil de ce triple CD, les racines country-boogie et western d’un genre en pleine turgescence, son swing irrépressible, accentué par l’usage de contrebasses claquantes (voire, parfois, de caisses claires tonitruantes), doit également beaucoup à des artistes afro-américains dont l’influence est confirmée par de fréquents emprunts à leur propre répertoire. Ainsi du “Rocket 88” d’Ike Turner (via Jackie Brenston), repris ici par un certain Bill Haley (pourtant encore estampillé cow-boy, en 1951). Parmi des stars telles que les précités, Gene Vincent, Carl Perkins, Buddy Holly, Roy Orbison, Eddie Cochran ou Johnny Burnette, des figures moins connues telles que Sonny Fisher, Warren Smith, Charlie Feathers ou Joe Clay complètent ainsi les Tables de la Loi dûment commentées par l’érudit Bruno Blum: un régal…!

Patrick Dallongeville
Paris-Move

The Indispensable Rockabilly