THE HOT 8 BRASS BAND – On The Spot

Tru Thoughts / Bertus
Funky Jazz

“Le dimanche matin, c’était différent. Il s’éveillait dans la peau d’un esclave… Et puis, de la place lui parvenait le son des tambours… C’était la musique qui naissait d’elle-même, qui ne savait même pas comment elle devenait musique, une chose en entraînant une autre… De l’improvisation, voilà ce que c’était”. C’est ainsi que Sydney Bechet décrivait la naissance du ragtime, sur la fameuse place de la Nouvelle-Orléans que l’on nommait Congo Square. Depuis King Oliver jusqu’aux Neville Brothers, et de Louis Armstrong aux Wild Tchoupitoulas, New-Orleans n’a ainsi eu de cesse d’enfanter ces musiques bâtardes, issues des sangs mêlés des colons, marins, fuyards et autres repris de justesse de l’american brew. Et comme la série Treme l’a parfaitement illustré, avant comme après l’ouragan Katrina, le creuset incandescent où continuent de s’abreuver les divers courants des musiques de la Crescent City, c’est le brass band. Ces fanfares néo-orléanaises n’ont guère à voir avec celles, certes sympathiques, de nos bourgs et nos campagnes. Infernales machines à groove, elles combinent désormais les fameux second-line beats (favorisant les déhanchements les plus outrageants) avec le break-beat du hip-hop, sur des turbines encore et toujours héritées de la rumba. Le HOT 8 BRASS BAND est un redoutable combo de tueurs lâchés sur la voie publique. Comme l’exige leur configuration, les basses y sont exécutées au tuba, depuis lesquelles s’élancent en rafales soli et parties collectives de cuivres, sous le feu roulant de percus vaudous. Et qu’ils reprennent le classique “St James Infirmary” ou le “Sweetest Taboo” de Sade, ce sont toujours les âmes du jazz, du funk et des caraïbes qu’ils convoquent, pour les entraîner dans la sarabande d’un irrésistible carnaval. Chaud devant !
.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
.