THE HOGTOWN ALLSTARS – Hog Wild

Stony Plain Records
Blues
Hogtown Allstars

Bien qu’il s’agisse en l’occurrence de leur premier album sous cette appellation commune, les sept membres de la configuration actuelle des Hogtown Allstars ne sont pas exactement des débutants. Pas moins de cinq d’entre eux sont en effet issus de la légendaire formation canadienne Downchild Blues Band: ainsi du chanteur et harmoniciste Chuck Jackson, du bassiste Gary Kendall, du saxophoniste Pat Carey, du batteur Jim Casson et du claviériste Tyler Yarema, tandis que le trompettiste Howard Moore et le guitariste Teddy Leonard (pour leur part venus du Maple Blues Band) en complètent le line-up. Pour qui l’ignorerait encore, le Downchild Blues Band est une institution au Canada: fondée à Toronto en 1969, c’est en effet autour de cette formation que s’est largement agrégée la scène blues nationale. Avec une bonne trentaine d’albums en cinq décennies (et selon certaines sources, près de 120 musiciens impliqués), leur influence s’étendit jusqu’aux Blues Brothers (natif d’Ottawa, Dan Aykroyd en demeure un fan déclaré), et outre les frères co-fondateurs Donnie et Hock Walsh, ils comptèrent longtemps dans leurs rangs le regretté claviériste de renom Michael Fonfara (Electric Flag, Rhinoceros), qui accompagna notamment Lou Reed durant les seventies. L’album s’ouvre sur le louisianais “Mr. Lucky” (signé Chuck Jackson, comme sept de ses dix titres), où le second-line beat accorde la part belle au piano alerte de Yarema (entre Dr. John et Professor Longhair), ainsi qu’aux cuivres et à des chœurs féminins enjoués. La plage titulaire emprunte à Tom Waits son phrasé éructant, tandis que Yarema passe à l’orgue pour accentuer le heavy-riff sur lequel les six cordes de Leonard prennent leur envol. Gary Kendall prodigue ensuite l’enlevé shuffle cuivré “Real Good Night”, dont le good time feeling enthousiasme sans doute maints danseurs, lors de leurs concerts. Le rhythm n’blues millésimé dont les frères Blues étaient si férus fait son entrée avec “I Just Think Of You”, entre Staples Singers chez Stax et Al Green sur Hi, tandis que Jackson gratifie cette plage d’un savoureux solo d’harmonica à la manière de Little Stevie Wonder. La ballade countrysante en three-steps “Angel in My Bed” n’en bénéficie pas moins des mêmes chœurs et cuivres, avant que “Subway Casanova” n’emprunte la southern swamp claudication caractéristique des antiques classiques de Little Feat, slide fumante à l’appui. Le jump-shuffle de Roy Brown, Hank Ballard et Clarence ‘Frogman’ Henry prend ensuite le relais avec “The Sad One”, et Carey s’y autorise un juteux chorus de baryton, auquel l’orgue de Yarema emboîte le pas. Le Mississippi country blues n’est pas en reste, puisque “Biscuits & Beans” s’inscrit dans la veine de Rice Miller et Muddy Waters, quand ces derniers œuvraient encore aux travaux des champs. En remontant vers Chicago, notre joyeuse bande croise le fantôme de Howlin’ Wolf, et lui suggère l’idée pas si saugrenue de reprendre du Don McLean. Il en résulte une version roborative de “She’s Got The Stuff”, où la guitare de Leonard rend un hommage appuyé à celle du grand Hubert Sumlin, tandis que Jackson imite les râles gutturaux de Chester Burnett. Ce good time record se referme sur le “I Ain’t Lying” du bluesman canadien Johnny V Mills (que reprit également Amos Garrett), dans une veine vintage rock n’ roll que n’auraient pas dédaigné les Nighthawks. Un disque idéal pour se donner la pêche le matin, ou se remonter le moral le soir!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 2nd 2022

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Video Filmed, Edited & Directed by Jim Casson