THE HARLEM GOSPEL TRAVELERS – Rhapsody

Colemine Devotional Series
Funk, Gospel, Soul
THE HARLEM GOSPEL TRAVELERS - Rhapsody

Tout le monde semble désormais averti du rôle essentiel que joua le gospel dans l’avènement du rhythm n’ blues, de la soul et du funk. Il suffit pour s’en convaincre de se référer au magistral coffret en sept CDs que Joel Dufour vient de consacrer à l’œuvre de Ray Charles (“The Grand Master: His Inspiration, His Influence 1944-1962” chez Frémeaux & Associés/ Socadisc, chroniqué ICI), et d’y constater le parallèle entre le “It Must Be Jesus” des Southern Tones et son “I Got A Woman”, ainsi que celui du “This Little Light Of Mine” des Famous Ward Singers avec son “This Little Girl Of Mine”. Maints hommes d’église s’en offusquèrent alors, accusant ces soulmen de sacrilège, tandis qu’ils sécularisaient à l’envi (et avec quel succès) leurs pieux cantiques, mais le grand public n’y trouva le plus souvent guère à redire (certains représentants des jeunes générations y puisant même parfois un regain d’intérêt pour l’office du dimanche). Il suffit de se rappeler quel rang occupèrent Sam Cooke, les Impressions et autres Staples Singers parmi les chants entonnés lors des cortèges en faveur des Droits Civiques, pour mesurer la porosité manifeste entre gospel et soul music. C’est fort de ce constat qu’un quatuor de jeunes Afro-Américains new-yorkais (formés et sensibilisés par le guère moins jeune Eli ‘Paperboy’ Reed, dans le cadre du programme éducatif “Gospel For Teens”) publia en 2019 un premier LP, “He’s On Time” (déjà sur le même label de Loveland, Ohio). Fortement influencé par des formations historiques telles que les Swan Silvertones, les Soul Stirrers ou encore les Violinaires, celui-ci leur valut non seulement un accueil critique des plus louangeurs, mais aussi l’attention de figures telles qu’Elton John. Reconfigurés en trio, ils remirent le couvert avec “Look Up'”, second effort dont ils composèrent eux-mêmes l’intégralité des titres, mais c’est à nouveau sur l’impulsion de ‘Paperboy’ qu’ils se sont immergés, lors de ce troisième essai, dans l’imposant catalogue amassé par le label de Chicago, Numero Group, pour son anthologie “Gospel Funk Series” (dont le premier volume, “Good God! A Gospel Funk Hymnal” parut en 2006). Dès l’effectivement funky “We Don’t Love Enough” (dont ‘Paperboy’ assure les cocottes de guitare wah-wah, tout comme sur “Jesus Rhapsody Pt.1” et l’ensemble de cette rondelle), on pige deux vérités premières. Petit a): on va de toute évidence beaucoup moins s’ennuyer qu’à la messe, et petit b), comme en atteste l’effréné “Ever Since” qui embraye ensuite, on n’est pas si éloigné des platebandes de Sly & The Family Stone à leurs débuts. Basse véloce façon Larry Graham, drums genre Gregg Errico, orgue Hammond à la Sylvester Stewart et chœurs sauce Freddie & Rosie. Entre Curtis Mayfield et Smokey Robinson, le slow “God’s Love” escalade des sommets de falsetto sur des chœurs que l’on imagine chorégraphiés comme ceux des Temptations. Bon Dieu, s’il n’était ces lyrics à la gomme, on se croirait en plein quart d’heure américain sur “When A Man Loves A Woman” (dans le même registre, “Have You Tried Jesus” suscite des moiteurs similaires)… Et quand la machine à groove remet le turbo sur “God’s Been Good To Me”, c’est vers les Bar-Kays de “Son Of Shaft” et le “So Much Trouble In My Mind” de Sir Joe Quaterman que pointe la boussole de notre DeLorean. Mais tenez-vous bien (oui, tenez-vous mieux, comme disait Pierre Desproges) il subsiste jusqu’à des relents de Band Of Gypsies au tréfonds de langueurs telles que “Get Involved” (cf. “Power Of Soul”), et même de “Gypsy Eyes” sur le holler “How Can I Lose”, voire de Mitch Ryder & The Detroit Wheels sur “Somebody’s Watching You” (cf. leur “Devil With The Blue Dress On” – oops!), et ne venez pas me dire que ce n’est que l’effet du tambourin. Le lascif “Searching For The Truth” conclut l’affaire entre Roberta Flack et Bill Withers, et je puis vous assurer que la flaque sur le carrelage n’est pas de l’eau bénite. Chacun de ces lascars alterne bien entendu lead et harmonies avec le même bonheur, et si ça ne sort effectivement que le 30 août prochain, ça risque de sembler interminable!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 31st 2024

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(Digital, CD, Black Vinyl LP, Pink w/Black Swirl Vinyl)