The Groanbox Boys. Mais qui connait donc ce nom de ce côté ci de la Manche? Alors même que ces anglais en sont à leur troisième album.

The Groanbox Boys, dîtes-vous?

Hé bien, The Groanbox Boys est un trio british dans lequel on retrouve trois multi-instrumentistes complètement ‘habités’ qui savent jouer aussi bien du banjo que de la guitare, de l’accordéon, de l’harmonica, des calebasses, du bâton de pluie ainsi que différents accessoires de cuisine et des percussions. Retenez les blazes de ces trois personnages parce que vous en entendrez parler, de ces trois loustics: Cory Seznec, Michael Ward-Bergman et Paul Clifford.

 

L’album est à l’image des lascars, réellement habité, mélange infernal de blues enragé et de chansons plus lentes, imbroglio insensé de sonorités qui se percutent, se mélangent, divorcent (et pas qu’à l’amiable!), pour vous donner une suite de 14 titres dont le rythme complètement barge va vous faire appuyer sans hésiter sur la touche ‘replay’, cette fameuse touche de la télécommande sur laquelle on n’appuie pas si souvent que ça, reconnaissons-le.

 

Quand je vous aurais dit ensuite que ‘Gran Bwa’, le titre de leur troisième CD, est le nom d’un ‘loa’ (esprit vaudou haïtien), celui de la forêt, vous commencerez à comprendre ce que je veux dire par ‘habités’, même si certains me diront qu’en créole ‘Gran Bwa’ veut dire ‘grand bois’. Mais en créole aussi, ‘Gran Bwa’ est un esprit qui réside dans la forêt, un esprit qui est associé à ce passage, cette porte entre le monde matériel et le monde spirituel, tout comme il est également associé au temps et à la guérison, et ce sont tous ces thèmes qu’abordent les Groanbox Boys au travers de leurs chansons, rendant le rythme de certains titres très chamanique, comme pour mieux vous amener à rencontrer de ‘Gran Bwa’.

 

Un album de blues, de pur blues bien habité et qui rappelle ces chansons du Delta que les esclaves chantaient au clair de lune après d’harassantes journées de boulot dans les champs de coton tandis que les alligators rôdaient dans les marais et que la pluie tombait à verse. Un album qui démontre que le blues n’a pas d’âge et pas de frontières, un album qui prouve que le blues est présent pour toujours, ici et là, même au-delà, après cette porte que l’on trouve dans les bois, une fois que l’on a approché le ‘Gran Bwa’.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer