THE GOOD ONES – Rwanda Sings With Strings

Glitterbeat / Modulor
World Folk
THE GOOD ONES - Rwanda Sings With Strings

Les 25 septembre, 1er et 15 octobre 1968, Van Morrison (alors en rupture de ban avec Bang Records, label de son ex-mentor et producteur Bert Berns, qui venait de succomber à un infarctus fatal) est entré en studio à New-York, pour trois sessions impromptues qui donnèrent forme à son grand-œuvre, “Astral Weeks”. Quasi-autiste (un trait qu’il partage notamment avec son idole, un certain Bob Dylan), l’Irlandais déjà bougon s’avéra alors incapable de communiquer avec les cadors que Lewis Merenstein, son producteur, avait convoqués pour l’épauler en la circonstance. Mais contre toute attente, dans la précarité de l’instant, ces musiciens accomplis se laissèrent emporter par la poésie impétueuse de ce disciple de James Joyce, pour accoucher en apesanteur d’un classique dont l’aura traverse désormais le temps (dernier grand traumatisé de renom: Jeff Buckley). C’est cette magie du moment télépathique qu’est allé convoquer Ian Brennan (Tinariwen,  Ramblin’ Jack Elliott, Parchman Prison Project…), quand il entreprit de confronter dans une chambre d’hôtel de Washington DC le duo originel de The Good Ones (Adrien Kazigira, chant, guitare, et Janvier Havugimana, percussions artisanales, chœurs) avec le violoncelliste Gordon Withers et le violoniste Matvei Sigalov. Sans partitions ni répétitions (et ne partageant pas non plus l’option du langage verbal), ce quatuor improbable accoucha en trois heures “live et sans overdubs” de ces dix titres, où la spontanéité du jeu le dispute à l’extrême méticulosité d’un songwriting fondé sur l’oralité. Folk selon l’acception la plus fondamentale du terme (on se surprend à y songer notamment aux complaintes celtes, auvergnates et acadiennes au fil des “One Red Sunday, You Lied And Tried To Steal My Land”, “In The Hills Of Nyarusange, They Talk Too Much”, “Kiristiyana Runs Around” et “I Love You So Much, But You Refused To Marry Me”), l’alliance des chants et instruments africains avec les cordes occidentales se révèle d’une évidence confondante. Plus de trois décennies après le génocide rwandais, The Good Ones (formés en 1978 par trois amis d’enfance, issus chacun d’une des trois ethnies locales, Tutsi, Hutu et Abatwa) livrent un cinquième opus d’une limpide luminosité (et toujours chanté en Kinyarwanda). Preuve s’il en est que la culture est toujours un salutaire vecteur de résilience.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 28th 2025

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