THE FUGITIVES – No Help Coming

Fallen Tree Records
Folk
THE FUGITIVES - No Help Coming

Comment traiter d’un sujet grave sans plomber l’ambiance? C’est en quelque sorte la gageure à laquelle s’est soumis ce quartette folk canadien de Vancouver, en tentant d’alarmer les masses sur les périls du dérèglement climatique en cours. Avec déjà cinq précédents albums à leur actif, la paire de songwriters que constituent les multi-instrumentistes Adrian Glynn et Brendan McLeod (auxquels se joignent la violoniste Carly Frey des Coal Porters, et le banjoïste Chris Suen de Viper Central) a assidûment potassé son sujet (en consultant maintes études scientifiques), pour en parvenir à deux conclusions majeures. Tout d’abord, bien que ses effets se manifestent déjà de manière flagrante, l’opinion publique ne semble pas encore suffisamment consciente de l’urgence de la situation. Et aussi (expliquant sans doute en partie cela), la majorité des discours alarmistes sur la question s’avèrent souvent trop techniques, voire trop effrayants, pour ne pas inciter à la politique de l’autruche. D’où le titre de cet album, en forme de cri d’alarme: en abordant le problème de front, The Fugitives ne se dérobent pas, tout en évitant de braquer le badaud plutôt que de le sensibiliser pertinemment. Après l’a capella introductif (en canon grégorien), l’appalachien “Edge Of The Sea” évoque d’emblée la menace que fait peser l’élévation du niveau de la mer sur les littoraux. “It Might Just Rain Like This For Days” ne pourra que recevoir par ailleurs l’assentiment des sinistrés des innombrables terres récemment inondées. Comme le confirment des intermèdes tels que “Simple Song”, l’un des principaux atouts  du quatuor réside dans ses harmonies vocales: chacun d’entre eux peut non seulement assurer le chant lead, mais ils s’avèrent tous de remarquables choristes. Avec les percussions délicates mais enjouées de Cole George, des plages telles que “Ash”, “Wing And A Prayer”, “Dead Money” et le brillant “Advice” évoquent autant les Milk Carton Kids que Turin Brakes, The Gourds et les débuts d’America. Mi-protest song, mi-gospel choral, la plage titulaire (quelque peu réminiscente du “Da Doo Ron Ron” de Barry, Greenwich et Spector) se révèle un puissant chant de ralliement, dont on ne s’étonnerait pas qu’il se propageât parmi maintes manifestations à venir (à la manière du “Give Peace A Chance” d’antan). Porté par un simple banjo, “Not Burning Out” est un autre manifeste de résilience, avant que “After You’re Gone” ne résonne comme un ultime avertissement: ce n’est pas la planète qu’il s’agit de sauver, mais bien l’ensemble du vivant qui y réside. Une éclatante réussite formelle, dont on espère qu’elle parviendra à émouvoir autant les consciences qu’elle ne séduit les tympans. Sinon, comme le chantait Mickey 3D: “tu vas pas mourir de rire”

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 27th 2024

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