The Frightnrs – Nothing More To Say

Daptone/Differ-Ant
World Music

Désormais fermement établi sur le créneau vintage soul et funk millésimé, Daptone s’ouvre à présent à d’autres genres. Le mot d’ordre n’en demeure pas moins "roots à fond les manettes", comme en témoigne ce premier LP des Frightnrs (ça s’écrit vraiment comme ça). Ces quatre jeunes new-yorkais écument depuis 2010 l’underground de la Grosse Pomme en y assénant leur propre blend de rocksteady – entendez: la forme antédiluvienne du reggae, telle que dérivée du ska. Pas gagné d’avance, quand on sait à quel point (comme pour le rockabilly) la prise de son s’avère en la matière primordiale. Les studios Daptone regorgeant de cabines, consoles et micros antiques, l’obstacle technique ne semblait pas insurmontable. Restait à dénicher le producteur idoine. Dilemme qui se résolut par le choix judicieux de Victor Avelrod. "Gotta Find A Way", "Till Then" et "What Have I Done" s’ancrent ainsi dans la veine des productions de Sir Coxsone et Duke Reid: on croirait presque des inédits de Gregory Isaacs et Desmond Dekker! Quant au trépidant "Trouble In Here", on jurerait du Toots Hibbert pur jus, tandis que "Hey Brother" renvoie à Junior Murvin. À la fois brute (cette réverbe envapée sur les voix) et précise (cette basse caoutchouteuse qui fait trembler les carreaux), cette rondelle mono ravira jusqu’aux puristes de la jamaïcan music. Qu’ils en profitent: le lead singer et principal compositeur des Frightnrs est décédé avant la sortie de ce disque, victime d’une saloperie nommée sclérose latérale amyotrophique. Ah ben, zut alors…

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

The Frightnrs