Rock |
Le prophète du Rock l’avait prédit: le rock, le vrai, le pur et le dur rejaillirait de ses cendres, tel le Phénix. Et le prophète l’avait annoncé: il renaîtrait de ses cendres avec ‘force’, ‘the force’ (pisk’ le prophète causait british), avec pour mission de jouer une musique à réveiller les morts. Et là, je peux vous le dire, autant les prévisions de la météo vous font souvent faux bond et démerdez-vous avec ce que le ciel vous propose, autant là y’a pas foutage de gueule et promesses non tenues car avec cet opus vous avez entre les mains un scud à faire exploser tout ce qui vous tiendra tête, et y’en a, j’en suis sûr, surtout en cette période de FMisation de la chanson.
Arme de rockisation massive, cet album va faire du vide dans votre CDthèque car il va en virer, des opus de soi-disant rock qui déménage. C’est du lourd, du costaud avec des coutures faites pour résister aux plus forts tiraillements….dans vos enceintes. Sûr que la bestiole mérite que les potards soient poussés à fond, comme au bon vieux temps des obus gros calibres des Deep Purple, Black Sabbath ou Uriah Heep. Ici, rien n’est en promo et cela pèse son poids de décibels: les guitares sont acérées, perforantes, sexuelles, et la rythmique est canon, explosive et magistrale. Ici on ne rigole pas et les morts le savent, puisque les treize titres alignés ici sont aussi pour eux, comme le leur signale le titre de l’album.
The Force, c’est un trio en droite ligne des trios destructeurs derrière lesquels rien ne repousse (de mauvais). C’est de la finesse de gladiateur et cela fait rugir la foule qui se presse autour de l’arène: Mark Elliott est de ces guitaristes qui manie la six cordes comme un trident, avec cette vitesse d’exécution qui en fait un gladiateur redouté, tandis que Beat Schaub, lui, assure à la basse comme s’il maniait un glaive dont chaque coup serait fatal, épaulé par un phénoménal Hanns Haurein, l’un des plus grands batteurs allemands et dont la qualité de frappe est redoutée, redoutable. La réunion de ces trois monstres sacrés du rock ne pouvait que se faire dans un cocon en acier trempé, ‘The Force’.
Troisième opus du trio, ‘Musica de los Muertos’ confirme, si nécessaire, toute la patate que ce band peut mettre lorsque les tigres sont lâchés. Ecoutez ‘Nightriders’, le premier titre, et vous aurez déjà tout compris: c’est simple, c’est carré et c’est mille fois plus explosif que ce que vous pouvez trouver en rayon FM. Sur ‘Lemon Skies’ c’est Gianni Pontilo qui rejoint en guest le trio pour faire rugir ses cordes vocales tandis que sur ‘Life Goes On’ c’est ni plus ni moins que le boss du Studio Little Creek où est enregistré l’album qui fait suinter sa guitare dans le second solo proposé sur ce morceau, V.O. Pulver en personne.
Et même si tout est bon, et très bon, j’ai un faible pour deux titres absolument somptueux: ‘Life Goes On’, avec son intro perforante à la ZZ Top, ses soli de gratte à faire grimper bobonne aux rideaux, et ‘Sooner or Later’ avec son intro à la gratte qui subjuguera tous les ados boutonneux qui débutent à la guitare et qui veulent épater les gonzesses. ‘Sooner or Later’ est un condensé du meilleur du ‘pourpre profond’ farci aux épices très ‘free’. C’est relevé mais cela se savoure comme un rock-ice-cream sous le soleil. Et punaise, remettez-vous en boucle ‘Sonner or Later’ et son ultime solo de guitare: magistral, tout simplement.
Le prophète l’avait dit, le rock renaîtrait de ses cendres, tel un Phénix, avec ‘force’, et ‘tôt ou tard’. Sooner or Later.
Frankie Bluesy Pfeiffer
The Force