THE FOLK IMPLOSION – Music For Kids

Domino
Indie rock
THE FOLK IMPLOSION - Music For Kids

En 1995, The Folk Implosion n’était que l’un des projets parallèles de Lou Barlow, alors à la tête de Sebadoh, parangon de la vogue lo-fi (de même que Sentridoh). Membre fondateur de Dinosaur Jr., ce Lou là avait atteint le statut culte de figure emblématique de ce que l’on désignait alors par indie rock, et The Folk Implosion n’avait encore publié qu’un seul album. Par delà le calembour autour du nom du band de Jon Spencer, la musique de ce duo (comprenant également le multi-instrumentiste et songwriter John Davis) se revendiquait d’inspirations diversifiées (et on ne peut plus éloignées du folk, bien entendu). Fan de Barlow depuis des lustres, le jeune scénariste californien Harmony Korine inondait régulièrement la boîte mail de ce dernier, nouant ainsi une correspondance qui l’amena a présenter à son héros le script d’un film qu’il envisageait de monter avec un réalisateur indépendant. Le résultat, “Kids” par Larry Clark, défraya la chronique par la crudité des scènes qu’il représentait (et où figuraient de très jeunes acteurs, dont la plupart n’avaient jamais joué auparavant, parmi lesquels Chloé Sevigny, Justin Pierce et Rosario Dawson). Composé aux deux tiers par The Folk Implosion (aux cotés de titres de Daniel Johnston, Slint et Sebadoh), le soundtrack de ce film n’en devait pas moins comporter le principal (et pour ainsi dire le seul) hit de la carrière de Barlow, “Natural One” (accédant à la 29ème place du Billboard, et à la 45ème des UK Singles Charts). Séparé en 1999 mais rabiboché en 2021, le duo s’est résolu à publier non pas une extended version de cette B.O., mais une collection incluant, outre les huit originaux qui y figuraient alors, sept autres faces B ou inédits, ainsi que deux remixes et une version instrumentale de “Nothing Gonna Stop”. Avec son intro au synthé, son motorik beat, sa guitare proto-psyché et son chant monocorde, “Natural One” sonne comme l’improbable retour du Can de “Monster Movie”, un quart de siècle après sa conception. Si l’héritage de la mythique formation de Cologne irrigue manifestement maintes plages de cette rondelle (“Nothing Gonna Stop”, “Jenny’s Theme”, “Crash”, “Wide Web”, “Park Dub”), le piano pattern de “Wet Stuff” s’inspire quant à lui d’Erik Satie et les stridences de “Daddy Never Understood” du grunge des Melvins comme du hardcore de Black Flag, tandis que des tourneries hypnotiques telles que “Simean Groove” (et ses hurlements de loups) et “Nasa Theme” préfigurent Massive Attack, que “Cabride” et “Raise The Bells” résonnent comme des facéties menées par la flûte d’un Ian Anderson se compromettant à exécuter un générique de la série allemande Derrick, et que “Insinuation”, “Checking In” et la version instrumentale de “Nothing Gonna Stop” évoquent les débuts de Beck et de Cornershop. Comme le film qu’elles habillèrent lors de leur conception, aucune de ces musiques n’est donc réellement folk, ni spécialement destinée aux enfants. Quant à l’implosion, on ne peut que supposer que ses auteurs ont du probablement bien s’éclater.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 12th 2023

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