Jazz, Swing |

Tandis que des oreilles inattentives eussent tôt fait de les ranger entre Leon Redbone, Pokey Lafarge, Moriarty et Pink Martini (ce qui ne semblerait en définitive pas si erroné), The Easy Rollers relèvent bien davantage d’une tradition ancrée de longue date dans la culture populaire anglaise. Je n’en veux pour preuve que le patrimoine revendiqué par les Kinks dès 1966 avec “Dead End Street”, et perpétué dans leur discographie jusqu’à leur live immortalisé sur la scène du Madison Square Garden, avec les cuivres en goguette du Mike Cotton Sound (“Everybody’s In Showbiz”, RCA 1972), où un Ray Davies manifestement aviné s’appropriait sans vergogne le “Baby Face” de Louis Armstrong devant une audience camp en ultime pâmoison. Ce que l’on désigne sous le terme de “trad” en Grande-Bretagne y demeure en effet le vestige d’une époque où l’on se socialisait chaque week-end dans des arrière-salles de pubs où se produisaient des orchestres de poche tentant de recréer le son des combos jazz de New-Orleans dans les années 20 et 30, selon une facture oscillant entre l’Orphéon de l’Armée du Salut et la fanfare de l’usine toute proche. Rien de péjoratif pour autant dans cette corrélation: formés il y a neuf ans à Manchester, The Easy Rollers sont un septette d’excellents musiciens (une chanteuse au timbre passé dans un micro à cornet, flanquée d’un pianiste pour lequel le ragtime n’a plus de secret, ainsi que d’une paire de cuivres, d’un guitariste rompu à Django, d’un contrebassiste et d’un batteur), dont le répertoire mêle habilement standards dûment millésimés (“Lady Be Good”, “That’s How I Feel Today”, “Ten Cents A Dance”, “I Double Dare You”, “I’ll See You in My Dreams”) et compositions dans la même veine (“The Ballad Of Billy A. Kid”, “Maybe Tell Me”, “Jus’ One Of Those Days” et la plage titulaire). Alliant costumes d’époque et burlesque de circonstance, ces jeunes gens se sont taillé une enviable réputation dans leur pays, dont ils hantent autant les jazz clubs que les festivals. Avec pareil sens du swing, la nostalgie s’affranchit de tout relent de naphtaline, pour en appeler gaillardement au vaudeville et au charleston.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, September 25th 2025
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