Rock

Hiératique et sépulcral, gardant la plupart du temps les paupières closes, Jim Morrison n’a cependant jamais semblé en pareille maîtrise de son chant que sur ce live-ci. Et ce qu’il y concède en jeu de scène, il le compense en théatralité. Car simplement éclairés d’une poursuite et d’un spot rouge, les DOORS livrent ici une performance dont l’intériorité confine au gothique. Bob Hite de Canned Heat avait beau sillonner l’Europe à la même période en se livrant à une parodie féroce de Morrison, ce concert des DOORS au Wight festival dessine, mieux encore que n’importe quel maillon de leur discographie, ces fameux ponts entre le théâtre de la cruauté d’Artaud, le jazz de Jimmy Smith, la bossa d’Airto Moreira et le Chicago blues de Willie Dixon. Le trio qui sertit Morrison d’un écrin mouvant s’élève ici au rang des plus fascinants commandos lysergiques de l’époque, entre la maîtrise échevelée de Cream et la folie controlée du Jimi Hendrix Experience. Se produisant le 30 août 1970 à deux heures du matin devant 600.000 freaks extasiés, les DOORS n’avaient alors plus que deux concerts à jouer, et un ultime album sous la ceinture. Ce DVD, présentant enfin ce gig mythique dans son intégralité restaurée, fait figure de testament pour l’éternité. Rien que pour sa version d’anthologie de “Ship Of Fools”, et celles des trois chevaux de bataille du groupe (“Light My Fire”, “When The Music’s Over” et un “The End” en medley), cette captation est à marquer d’une pierre blanche parmi l’abondante vidéographie du groupe. Moins de onze mois plus tard, le fantôme de Jim hanterait le Père Lachaise, et les trois autres se trouveraient précipités dans un deuil éternel. Un fucking must, oui!
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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Site internet officiel des DOORS: ICI
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