THE CURE – Curætion-25 Anniversary: 40 Live

DVD - Eagle Rock / Universal
Post-Punk

Autant prévenir tout de suite: si vous êtes fan de Little Richard, Dave Edmunds, Creedence ou des Stray Cats, vous allez vous faire chier sévère… C’est normal, c’est le deal, et dès leur premier album en 1979, c’était d’ailleurs le but affiché. Ah, ce qu’on a pu s’en gausser, de ces Curistes en maxi-impers skaï, les tifs tenus en l’air à la saccharine, et le khôl dégoulinant sur fond de teint blême… Quarante ans plus tard, certains d’entre eux sont demeurés des Tanguy attardés chez papa-maman (j’en connais), ou bien ont fait carrière en sortant d’écoles d’ingénieurs et de commerce. Mais comme pour leurs aînés (et leurs descendants), leur adolescence conserve pour l’éternité ce parfum inaltérable que confèrent les premiers émois. Que Robert Smith ressemble plus que jamais à ma tante Marie-Paule quand elle veillait des nuits entières à guetter le retour de tonton Gérard, et que Simon Gallup arbore les mêmes tatouages et jeans déchirés aux genoux que sa petite-fille importe finalement peu: The Cure célèbre ses quarante ans de carrière, comme les Rolling Stones quinze ans avant eux. Pour convenu qu’il pût paraître, le concept des deux concerts filmés que retracent ces deux DVDs/ Blu-Ray ne s’en avère pas moins pertinent. Le premier, capté le 24 juin 2018 en clôture du Meltdown Festival londonien dont Robert Smith assurait la programmation, propose en un aller-retour chronologique (ascendant puis rétroactif) 26 titres extraits de chacun des albums du groupe (plus deux inédits). Incluant “A Forest” et l’inénarrable “Boys Don’t Cry”, ce répertoire restitue la trajectoire du groupe dans sa cohérence. Deux semaines plus tard, The Cure investissait Hyde Park pour un set plus conventionnel, et comportant davantage de hits (“Why Can’t I Be You”, “Just Like heaven”, “In Between Days”, “Close To Me”, “Friday I’m In Love”…). À noter (outre un light show gothico-psyché à faire pâlir Pink Floyd), la présence aux côtés de ces joyeux drilles du remarquable guitariste Reeves Gabrels (ex-Tin Machine). Atmosphériques et grandioses (ou plombés, selon vos convictions), deux événements auxquels on ne déniera pas une certaine dignité, dont peu de formations de la même génération s’avèrent encore capables.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 2nd 2019