THE COATHANGERS – The Devil You Know

Suicide Squeeze / Differ-Ant
Rock

À l’époque réputée glorieuse du punk français, nous avons connu un groupe appelé Les Porte-Mentaux. Aucun lien cependant avec The COATHANGERS, trio féminin d’Atlanta affichant déjà ses douze ans d’existence. Quatre décennies après sa prolifération, l’étiquette punk n’a toutefois guère plus de sens que celles d’indie ou de garage rock. Aussi nous fonderons nous exclusivement sur le recoupement entre les informations prodiguées par nos tympans, et celles stockées par nos neurones. Alors que les trios de filles pullulent désormais presque autant que les duos guitare-batterie, où peut bien se loger l’originalité de ces pétroleuses? Réponse: bien que Robert Zimmermann lui-même l’ait un jour énoncé en ces termes (“si vous avez un message à transmettre, allez à la poste, pas besoin d’une guitare pour ça”), les COATHANGERS prétendent avoir des choses à dire. Et tandis qu’elles auraient pu incarner une version hybride de notre sinistre Anne Sylvestre (guitare sèche et poil aux mollets), elles ont préféré (pour notre salut) opter pour le fun électrique et un brin chahuteur. On ne parlera donc ici que de rock n’ roll, avec juste ce qu’il faut de références en sous-texte. Depuis les Seeds (pour le minimalisme robotique, et le Farfisa occasionnel sur “Lithium”) jusqu’aux Cramps (cette touche blafarde sous ambiance surf: “Stranger Danger”, “Crimson Telephone”), ces filles cochent pratiquement toutes les cases de l’éthique rock, sans en épouser pour autant tous les tics. Et quand elles proposent carrément de buter la National Rifle Association, on les sent tellement sincères qu’on ne peut que leur conseiller d’enfiler un gilet pare-balles sous leur gilet jaune: these girls got balls (instead of bullets)!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder