Blues

En près de 17 ans d’existence, les CASH BOX KINGS (rois du tiroir-caisse) ont sillonné les planches du globe depuis leur Chicago natal, et enregistré pas moins de dix albums, dont un live. Au duo initial que constituaient à leurs débuts le guitariste Joel Paterson et l’harmoniciste Joe Nosek se sont adjoints le vocaliste Oscar Wilson, ainsi que deux piliers notoires de la mecque de Chicago: le guitariste Billy Flynn (Mississippi Heat) et Kenny ‘Beedy Eyes’ Smith, batteur émérite (et rejeton certifié de Willie “Big Eyes” Smith, drummer historique du Muddy Waters band). Si Paterson semble avoir quitté l’équipage depuis leur précédente livraison, la formation ne s’en affirme pas moins comme l’un des tightest traditional blues units around. De Chicago shuffles réminiscents du regretté McKinley Morganfield (“Smoked Jowl Blues”, “Poison In My Whisky”) en jump façon Little Walter (“Ain’t No Fun”, “Hunchin’ On My Baby”), et de Diddley beat choral (“Joe, You Ain’t From Chicago”) en west-side laid-back funk (“Bluesman Next Door”, avec ces pertinents lyrics: “le blues n’est pas né en Angleterre en 1963, mais sur une plantation au temps de l’esclavage”) ou encore vintage ragtime (“The Wrong Number”, joyeux pastiche des Harlem Hamfats), cet album transpire la bonne humeur et l’interplay entre musiciens experts, rodés par des heures et des miles de complicité. En onze originaux et deux covers, Nosek démontre de bout en bout quel impressionnant harmoniciste il demeure, tandis que la faconde de Wilson s’adosse sur une rythmique au groove infaillible, et que la science d’un Billy Flynn au sommet de ses capacités étincelle à chacune de ses interventions (notamment en slide). Featuring la grande Shemekia Copeland sur le malicieux “The Wine Talkin'”, ainsi que les claviers pertinents de Queen Lee Kanehira (et le fils de Billy Flynn à la guitare sur deux titres), les CASH BOX KINGS confirment leur titre avec panache.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 1st 2019