Blues

Originaire du New Jersey, Bob LANZA défonce tout avec ce cinquième essai. Depuis combien de temps n’avez-vous pas ouï de blues number qui méritât de faire un hit? La plage titulaire qui ouvre le ban en est un en puissance: mélodie, swing imparable, malice digne d’un Rick Estrin, et pas moins de DEUX soli de slide incandescente pour achever le badaud…! La recette en est aussi simple qu’audacieuse: si les talents de compositeur, de chanteur et de guitariste de Bob LANZA sont repérés de longue date, cet album aligne cette fois tous les atouts. À commencer par son producteur, Anthony Krizan, par ailleurs auteur de ces traînées de kérosène fumant, exécutées au bottleneck, et qui zèbrent ces sessions comme les griffes d’un félin sauvage. Mais Bob n’a rien laissé au hasard, en réunissant à ses côtés la dream-team idéale: également batteur, Vin Mott s’avère un harmoniciste aussi énergique qu’érudit, assurément l’un des émules les plus légitimes du regretté James Cotton et de Magic Dick. Quant au claviériste John Ginty (piano et Hammond B3), il assaisonne le tout d’un tabasco à trouer la moquette. Si l’on précise que ces 11 plages furent intégralement captées live en studio, on tient la carte de visite d’un foutu gang de killers on the loose. Et s’ils adaptent ici le “Walking After Midnight” que popularisa Patsy Cline et le “Full Time Lover” dont les Thunderbirds en firent autant, les compos de Bob Lanza ne les déparent en rien, et l’énergie féroce qui transpire ici vaut tous les Guronsans. Autant résumer les choses telles qu’elles se présentent: cela fait quarante ans que j’écoute du blues, et je n’ai pas subi pareille gifle depuis les faces qu’Otis Rush grava pour Cobra, ou les premiers Butterfield Blues Band, Fabulous Thunderbirds et Mannish Boys. Une bombe, à n’écouter qu’avec le défibrillateur à portée de main!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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