| Blues, Blues-Rock |
Nommés d’après une espèce d’oiseaux marins sub-tropicaux des côtes du Pacifique (les fous aux pieds bleus, cousins du dodo éteint aux Galapagos et du fou de Bassan), The Blue Footed Boobies sont un quatuor boogie-blues (et non boobie glue) constitué du chanteur et guitariste Ronan (dit “one-man-band”, l’une de ses activités parallèles), de l’harmoniciste Marko Balland (par ailleurs accompagnateur de Sanseverino), ainsi que du bassiste Pascal Blanc (officiant auprès d’artistes tels que Soprano et Nolwenn Leroy) et du batteur Guillaume Dupré (qui bastonne également au sein du groupe métal français ETHS). Après un premier album en duo (auto-produit en 2019), on les retrouve donc à présent au complet sur cette filiale de Dixiefrog où ils côtoient des artistes tels que Pierre Citerne, Denis Agenet, Cat Squirrel, Delayne et Boney Fields. Après le bref instrumental introductif “Here Come The Boobies”, le boogie façon John Lee Hooker investit le terrain, et l’on y distingue d’emblée les atouts de la formation : sur une rythmique aussi souple qu’irrépressible, le timbre rauque de Ronan et l’harmonica virtuose de Balland emportent l’adhésion. C’est ce dernier qui introduit et conclut le heavy-swamp mid-tempo “Little Eddy” (zébré d’un chorus de slide électrifiée à lever les poils), auquel succède le bien intitulé “Dance With Me” (second boogie notoire à s’inscrire au tableau). Il faut toutefois mettre en garde Marko, qui y accuse une propension (fréquente dans notre Hexagone) à se manifester de bout en bout, y compris au cours des couplets chantés… Cette tendance invasive se tempère heureusement sur le languide “Love You Little Girl”, où ses interventions se révèlent bien plus sensibles et pertinentes. “Poor McKenzie” nous entraîne dans le sillage de RL Burnside, pour une excursion bienvenue dans le Mississippi Hills Country, où Ronan emprunte le dobro et Dupré passe les balais, tandis que Blanc fait la pompe avec placidité. Le three-steps country “Grey Wolf” propose une respiration bienvenue (Audiard aurait dit “laisse aller, c’est une valse”), avant que le boogie ne reprenne ses droits pour une reprise funky du “This Is Hip” de Hooker, et un “Buggy” incendiaire au titre translucide. “Want You” et “Silence” empiètent crânement sur les platebandes d’un heavy southern blues-rock façon Ken McMahan, Blackberry Smoke, Steel Woods et autres Kentucky Headhunters. (mais qui joue donc de cet orgue jouissif sur la coda du second, rappelant les riches heures de Steppenwolf?), et “Like Never Before” ferme le ban en joignant ces deux pôles. Situant manifestement ses cartes maîtresses entre Slim Harpo et ZZ Top, voici donc une formation dont les prestations scéniques doivent laisser maints auditoires béats et transis de transpiration.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, October 15th 2023
::::::::::::::::::::::::::::::
Disons-le tout de suite, autant la musique distillée puissamment le justifie pleinement, autant le verso de la cover égale peanuts! On aurait presque préféré une photo d’un fou à pieds bleus, superbe oiseau marin d’origine tropicale ou subtropicale. Mais dans le cas présent l’illustration présente un petit côté Pieds Nickelés certain, sans mauvais jeu de mots (comprendre amateurs, pas sérieux). Ce qui est un peu dommage, vu que la musique sonne sérieux! Pas moins de 12 compositions boogies à point, un harmoniciste qui ne manque pas de souffle, des titres assaisonnés juste comme il faut avec Ronan (auteur, compositeur, guitariste, one man Band) au chant et à la guitare, Marko Balland à l’harmonica, Pascal Blanc à la basse et Guillaume Dupré à la batterie. Ils commencent à prendre leurs marques sur les scènes hexagonales et les traces sur Youtube attestent de leur vitalité. Un certain esprit texan, mississippi, flotte dans l’atmosphère… L’ombre de John Lee Hooker et R.L. Burnside n’est pas loin…
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, November 20th 2023
::::::::::::::::::::::::::::::