THE BEATLES – Les Beatles à Paris

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Rock
THE BEATLES - Les Beatles À Paris

Je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans peuvent certes ne pas avoir connu, mais dont l’écho n’en résonne pas moins jusqu’à nos jours. En effet, du 16 janvier au 4 février 1964, les Reatles (Pohn, Jeorge, Goal et Bingo) élirent domicile quasi-permanent en notre bonne capitale des Gaules. Et pour cause: par la grâce d’un contrat signé le 17 juillet 1963 entre leur manager Brian Epstein (alias Leggy Mountbatten, selon les Monty-Python) et Bruno Coquatrix (directeur historique d’une salle de spectacle sise au 28, Boulevard des Capucines), ils se produisirent chaque soir (sauf ceux de relâche, mais parfois l’après-midi aussi) à l’Olympia, au même programme que Trini Lopez, ainsi qu’un débutant dénommé Pierre Vassiliu, et que la midinette yé-yé locale Sylvie Vartan. Seize mois plus tard, c’est au Palais des Sports de la même bourgade qu’ils sévissaient à nouveau, accompagnés cette fois d’un agglomérat composite de vedettes anglaises et américaines (n’y cherchez nulle concordance de nationalité, c’est juste ainsi que l’on désignait alors les appetizers précédant les têtes d’affiche). On y dénombrait, outre notre Moustique national, la chanteuse française Evy (alors sous contrat Barclay), les Pollux (proto-garage french quartet, au nom emprunté à une série TV pour enfants très populaire sur les ondes de l’ORTF) et – non, vous ne rêvez pas – rien de moins que les Yardbirds. Présenté sous la forme cartonnée d’un double 25cm miniaturisé à l’échelle CD (dont le verso décline les désuettes mentions Face A, Face B, Face C et Face D), il comporte en outre une gravure dépeignant les Fab Four à Montmartre. Initialement captées (et retransmises) par Europe 1, les cinq plages issues de leur Olympia du 20 janvier 64 présentent le considérable avantage d’une prise de son claire (sans les hurlements de petites filles en chaleur caractérisant la plupart de leurs enregistrements publics durant la Beatlemania, que ce fut dans leur pays d’origine ou ailleurs de par le monde). C’est donc l’occasion de confirmer qu’en dépit de l’amplification rudimentaire d’alors, la balance des Fabs était réglée au quart de poil, et que les harmonies vocales qui constituaient l’un de leurs atouts majeurs en studio passaient allègrement la rampe sur les planches. On se délecte de l’interview en français réalisée lors de leur arrivée au Bourget, et proposée en introduction. Mi-dociles, mi-facétieux, Lennon, Macca et Harrison y ânonnent dans un sabir phonétique les réponses préparées pour eux par le jeune reporter François Jouffa, tout en excusant Ringo (qui ne devait arriver, lui aussi par avion, que le lendemain). Outre les habituels “Twist And Shout”, “She Loves You” et “From Me To You”, l’inclusion dans ce set de “This Boy” (alors uniquement disponible en flip-side du single “I Want To Hold Your Hand”) est particulièrement bien sentie. Passée leur brève (et à nouveau taquine) interview au George V le 20 juin 65, la captation de leur concert au Palais des Sports, l’après-midi même, démontre le bond de popularité accompli entre-temps par les quatre garçons dans le cœur des petites françaises, qui se montrent cette fois nettement plus démonstratives que l’année précédente à l’Olympia (où le public s’avérait davantage masculin). Par un hésitant “merci beaucoup, et maintenant une chanson d’une homme des Beatles”, McCartney introduit un “I Wanna Be Your Man” frénétique chanté par Ringo, avant la plage titulaire de leur film tout juste sorti, “A Hard Day’s Night” (propulsé par les “une autre, une autre” d’un public manifestement survolté). Les classiques des pionniers, “Rock & Roll Music” (éructé par John), “Long Tall Sally” (par Paul) et “Everybody’s Trying To Be My Baby” (par George) côtoient “Can’t Buy Me Love, “I’m A Loser”, “I Feel Fine” et “Ticket To Ride”, que les boys reprendront pour le show du soir même (également ci-inclus), en y adjoignant leurs propres “Baby’s In Black” et “She’s A Woman”. Sans figurer au registre (relativement chiche) de leurs albums live officiels, ces deux incursions parisiennes ont de tout temps fait l’objet de publications pirates, d’abord sur vinyle, puis bien entendu au format CD. Alors que ces enregistrements sont certes parus (bien que de manière disparate) sur maintes autres éditions (accolés à des prestations anglaises, australiennes, allemandes, japonaises, néo-zélandaises ou américaines), ce cocorico sonore flattera autant la fibre chauvine des fans français des Fabs qu’il en titillera la nostalgie. En dépit de leur brièveté, on appréciera également les extraits des prestations de Moustique (“Joy, Joy, Joy”) et d’Ivy (“Memphis, Tennessee”), ainsi que celles des Pollux (“I’m Allright”) et des Yardbirds (pour un “I Wish You Would” exalté, rave-up inclus). Comme tentait alors de le prononcer un Macca qui n’avait pas encore écrit “Michelle”: “salout et merci beaucoup”.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 13th 2021

The Beatles – Live at the Olympia, Paris, France (January 16, 1964 – First Show):

The Beatles to come to the Eiffel Tower in Paris, 1964:

The Beatles Live At The Olympia Theatre, Paris, France (Thursday 16th January 1964):
https://www.youtube.com/watch?v=ACfILqYPNpg