Rock |
En dépit de son statut désormais mythique, “Pet Sounds” n’est probablement pas LE meilleur album des Beach Boys. Mais comme le déclara un jour John Ford à la fin de “L’Homme Qui Tua Liberty Valance”: si la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende… Et ce n’est pas faire injure à Brian Wilson d’affirmer que, comme le “Village Green Preservation Society” des Kinks, cet album, semi-incompris par le music-biz et le public en son temps, n’acquit ses galons qu’après deux décennies de relatif malentendu. Le principal mérite de ce DVD commémoratif (l’album a cinquante ans cette année) réside dans son parti de donner la parole, outre quelques uns de ses protagonistes de premier plan (Brian Wilson, Al Jardine, Bruce Johnston et ce grigou de Mike Love), à certains des travailleurs de l’ombre qui y œuvrèrent dans l’anonymat. Car comme le premier album des Byrds (enregistré l’année précédente dans certains des mêmes studios), “Pet Sounds” ne présente les talents instrumentaux de quasiment aucun des Beach Boys. Leur principal atout résidant dans la luxuriance de leurs harmonies vocales, c’est à ceux que l’on nommait alors “The Wrecking Crew” que revint l’exécution des parties orchestrales. Outre le génial Bruce Botnick (l’ingé son qui façonnerait bientôt les enregistrements des Doors), on a ainsi l’occasion rare de recueillir les confidences d’Hal Blaine, l’un des batteurs de studio les plus prisés en son temps (et artisan du Spector Sound). Peu importe dès lors qu’au fil des ans, “Pet Sounds” soit devenu l’album obligatoire dans la discothèque des conformistes (aux côtés du “Kind Of Blue” de Miles Davis et du “Blonde On Blonde” de Bob Qui-Vous-Savez). Comme l’exprime avec lucidité Bruce Johnston, si “Good Vibrations” y avait figuré, la face du rock en eût été changée. Il n’en demeure pas moins que “Wouldn’It Be Nice”, “Caroline No” et “God Only Knows” (“la plus belle chanson de tous les temps”, selon Paul McCartney), ce n’est pas de la gnognote non plus, et restons-en là.
Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder