THE AMAZING KEYSTONE BIG BAND – Fascinating Rhythm(s)

The Music Of George Gershwin // NOME / L'Autre Distribution
Jazz
THE AMAZING KEYSTONE BIG BAND

Né à New York en 1898, de parents juifs venus de Russie en 1890, George Gershwin est unanimement reconnu comme l’un des compositeurs incontournables du XXe siècle. Adolescent virtuose, il se mit à composer un peu par hasard pour des comédies musicales. Sachant mêler comme personne les musiques dites savantes et celles prétendues populaires, il créa des mélodies uniques, enracinées dans le paysage sonore de sa ville, le New-York des années folles. Son frère aîné, Ira, était aussi doué pour écrire des paroles que George le fut pour composer de la musique. Exerçant le jour ses fonctions de caissier à Manhattan, Ira s’inspirait lui aussi de New York pour écrire ses textes. Souvent drôles, pleins d’ironie et ancrés dans le réel, ils savaient exprimer les espoirs, les joies et les déceptions de la vie quotidienne. Le succès de leur duo s’avéra fulgurant, de “Lady Be Good” en 1924 à “Porgy And Bess” en 1935. George écrivit également des musiques de concert, comme la célébrissime “Rhapsody In Blue” (1924) ou “Un Américain À Paris” (1928), qu’il composa après un passage dans la ville Lumière. Il disparut hélas prématurément en 1937. Influencé par le jazz et le bouillonnement du New-York des années 1920, des clubs de jazz de Harlem aux comédies musicales de Broadway, du développement de la radio à l’apparition du cinéma parlant, Gershwin laisse un héritage qui a marqué l’histoire de la musique. L’admiration mutuelle et l’amitié qu’il a nouées avec des personnalités de la musique classique comme Arnold Schönberg, ou encore du jazz comme Fats Waller, témoignent de son insatiable curiosité. Aujourd’hui encore, ses compositions sont jouées et reprises dans le monde entier par des artistes de toutes générations.

Créé il y a quinze ans, The Amazing Keystone Big Band ne cesse de ravir par la qualité de ses spectacles et de ses albums. C’est encore le cas avec ce répertoire construit autour de certaines œuvres majeures de Gershwin, auxquelles ils parviennent à restaurer une nouvelle jeunesse. Constitué de cinq vocalistes, treize cuivres, un pianiste et une section rythmique guitare-contrebasse-batterie, et sous la direction collégiale de Bastien Ballaz, Jon Bouteiller, Fred Nardin et David Enhco, cet impressionnant orchestre revisite une douzaine de perres précieuses du répertoire gershwinien, quitte à les chambouler quelque peu à l’occasion. Ainsi du fameux “Summertime” d’ouverture, exécuté sur un funky beat chaloupé soutenant le lead vocal soyeux de Charlotte Wassy. Issue du livret de la célèbre comédie musicale “Porgy & Bess”, cette plage s’aventure, avec la flûte de Ghyslain Regard et le piano véloce de Fred Nardin, sur les chemins du jazz le plus contemporain, sans renoncer pour autant à des arrangements de cuivres hérités d’Ellington. C’est le trompettiste ascendant New-Yorkais Benny Bennack III qui chante ensuite le non moins connu “Who Cares?”, où deux saxes alto se disputent la vedette sur un virevoltant rythme de valse. C’est ensuite à l’exquise Neima Naouri de s’emparer du micro-chant, pour un “Someone To Watch Over Me” millésimé Broadway thirties, sous l’arrangement feutré du tromboniste Bastien Ballaz. Tous deux aussi tirés de “Porgy & Bess”, “There’s A Boat That”s Leaving Soon For New-York” et “I Loves You Porgy” sont respectivement interprétés par le crooner Pablo Campos et la prometteuse Fleur Worku, sur tapis de cuivres de velours, avant que “Strike Up The Band” ne se présente comme une jam effrénée entre les ivoires de Nardin et le sax ténor de Bouteiller. La même Fleur effeuille ensuite “Our Love Is Here To Stay”, sur lequel Benny Benack III lui donne la réplique en scat. C’est Neima Naouri qui étincelle sur la plage titulaire, que Bastien Ballaz a déconstruite pour en accentuer la dimension rythmique, tandis que Thibaut François et Fred Nardin y apposent leur touche contemporaine à la guitare électrique et  au synthétiseur. Mention spéciale au batteur, Romain Sarron ! Neima persiste et signe sur le suave et savoureux “Let’s Call The Whole Thing Off”, où elle duettise avec Campos. Bien que standard éculé au possible, “The Man I Love” prend ici des couleurs brésiliennes, sous la flûte alerte de Ghyslain Regard, le piano gaillard de Nardin et des cuivres qui ne soufflent plus que le chaud: n’y manquerait presque que George Benson pour nous emmener au bout de la nuit! Terrain de prédilection de Pablo Campos, le langoureux “Soon” bénéficie en outre d’un formidable solo de sax soprano de Kenny Jeanney, avant que nos amis ne referment le pupitre sur l’inoubliable “I Got Rhythm”, que chante une ultime fois la convaincante Fleur Worku. Ces colonnes ne sont pas spécifiquement dédiées à pousser des cocoricos, mais il n’en paraît pas moins justifié de se réjouir que notre Hexagone, si souvent enclin au déclinisme, puisse tenir en cet Amazing Keystone un tel big band d’envergure internationale.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, December 18th 2024

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