TERRY HANCK – I Still Get Excited

Greaseland / Vizztone
Blues

Depuis la Nouvelle-Orléans jusqu’à Kansas City, les jazzmen d’après guerre surnommaient avec condescendance les musiciens de son genre les honkers. Des klaxonneurs, en opposition aux boppers, supposés détenir seuls les clés du cool. Les honkers étaient ces saxophonistes qui assuraient la pompe dans les orchestres rhythm n’ blues, cette prétendue bâtardisation du jazz, essentiellement destinée à faire voler les robes à crinoline après l’ère du swing. La comparaison pourrait s’arrêter là, car Terry HANCK naquit de fait à Chicago en 44, avant de se relocaliser en 67 à Orange County sous le soleil de Californie, puis deux ans plus tard à San Francisco. Tout jeune, il vit Ray Charles en concert, et B.B. King aussi. Il se repassait alors en boucle les disques de Fats Domino et King Curtis, accordant une attention particulière à ceux où figurait le prince des honkers, Lee Allen. C’est à Frisco qu’il forma son premier groupe, les Grayson Street Houserockers. Ceux-ci ne laissèrent pas indifférent un autre expatrié de Chicago, Elvin Bishop, qui engagea Terry dans son propre band. Ce dernier ne devait le quitter que vingt ans plus tard, mais les deux lascars n’en demeurent pas moins complices, puisque HANCK rejoint encore régulièrement son ex-patron sur scène. New-Orleans et le regretté Dave Bartholomew continuent de hanter le sax ténor de Terry, comme en témoignent des compos comme “Spring” et “Smooth Tyrone” (démarquage éhonté du “Blue Lights Boogie” de Jesse Mae Robinson). Les maîtres du jump west-coast tels qu’Eddie Vinson ne l’ont manifestement pas épargné non plus (“Hold It Right There”). Surnommé le Renard Argenté par les musiciens la baie, Terry HANCK a co-produit cet album (son sixième, si l’on excepte deux live) avec le wonder Kid Andersen, dans son studio Greaseland de San Jose, et la chaleur qui s’en dégage n’a que peu à voir avec le réchauffement climatique. Sa température y doit surtout beaucoup au casting réuni : outre Andersen lui-même (qui assure, outre nombre de parties guitares, la contrebasse, la basse, le piano et quelques percussions), Jimmy Pugh appose sa touche (entre Jimmy Smith, Georgie Fame et Brian Auger) au Hammond B3 (“Early In The Morning” de Ray Charles, avec un Chris Cain impérial, ou encore “Here It Comes”) et un zeste de Jimmy Johnson au piano sur la piste titulaire, tandis que le reste des convives décline des pointures comme Rick Estrin, June Core et le guitariste en titre de Terry, l’impressionnant Johnny “Cat” Soubran. Quelle que soit l’heure de la soirée ou du jour, ce disque de vétéran encore bien vert se révèle la plus probante fontaine de jouvence. Pourvu qu’il n’accède pas aux oreilles de notre Jean-Paul Delevoye: il nous retarderait l’âge de la retraite de dix ans de plus!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 10th 2019

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