TERRY DONAGHUE – Looking For Redemption

Auto-production
Americana, Folk
TERRY DONAGHUE - Looking For Redemption

Tandis que, passée sous contrôle américain, une major canadienne telle que Stony Plain (Sue Foley, Rory Block, Steve Marriner, Maria Muldaur, Ronnie Earl, Colin James, Sass Jordan, JW Jones, Mike Stevens, Michael Jerome Browne… tous chroniqués ICI) sonne la fin des envois promotionnels physiques (trop onéreux en coûts postaux, et désormais “digital is here to stay”, qu’ils disent…), une myriade d’artistes indépendants compatriotes (Ian Janes, DM Lafortune, André Bisson, David Owen, Broke Fuse, Glenn Marais, Mike Nagoda, Paul Black, René Huard, Shakey Thrill, Davis Hall & The Green Lanterns… tous également chroniqués ICI) persiste bravement à investir ses propres deniers pour s’auto-promouvoir, en expédiant ses productions outre-Atlantique à de modestes fantassins tels que nous. Grâce leur en soit rendue, ainsi qu’à de vertueux attachés de presse qui se reconnaîtront… Le regretté pionnier français de l’indie que fut Patrick Mathé ne nous confiait-il pas déjà, voici une bonne vingtaine d’années, que sans le soutien actif des fanzines, ni New Rose, ni Last Call n’auraient pu se développer si vite?

Natif de Sault Ste Marie et basé à Toronto, le singer-songwriter Terry Donoghue accuse plus d’un demi-siècle de carrière. Ayant débuté au mitan des sixties en jouant du folk et du bluegrass au banjo au sein de quelques formations locales (avant d’opter pour la mandoline, puis une guitare électrique, après avoir assisté – le veinard – à un concert du Paul Butterfield Blues Band), il est membre du groupe Vintage Debris depuis une vingtaine d’années, et a également publié trois albums solo (“Songs Of Love And Longing” en 2020, “Northern Reflections” en 2022 et “Shades Of Blue” l’an dernier). Par ailleurs fan de films noirs et de romans de la même teneur, il consacre cette nouvelle livraison à sept vignettes de son cru (assorties d’un prélude et d’une conclusion), déclinant une trame narrative articulée autour de la rencontre de deux êtres à la dérive. S’ouvrant sur un solo de saxo dans l’esprit du score du serial “Johnny Staccato”, cet opus embraye sur la plage titulaire, dans la veine folk des premiers Leonard Cohen. Accompagnant son picking méticuleux de l’orgue Hammond de Vezi Tayyeb (qui produit le tout depuis son propre studio), ce mode narratif se prolonge au fil de “Stevie”, “Motel Room” et “If I Had A Choice” (en duo avec Isabel Fryszberg), tandis que le timbre grave de Terry dévide des portraits de solitude errante, évoquant par touches furtives ceux que dépeignait Lou Reed au temps de son “Berlin”. Omniprésent, le saxophone de Sean O’Connor souligne la dimension dramatique des lancinants “Take Me Home” et “The Old Road”, jusqu’à ce que le conclusif “A New Road” ne laisse entrevoir un rai de lumière à l’issue de ce sombre tunnel (le sax y cédant le pas à la flûte agreste de Debbie Danbrook, et l’orgue à un piano guilleret). Entre Leonard Cohen, J.J. Cale et Mississippi John Hurt, un disque auquel on ne peut que souhaiter de rencontrer son public.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 18th 2024

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