TENNESSEE JET – The Country

THIRTY TIGERS
Americana
TENNESSEE JET - The Country

Avec un “Stray Dogs” devant tellement au “I Want You” de Dylan qu’on en croirait presque un pastiche du “Ne Partons Pas Fâchés” de notre Raphaël national, celui qui se fait appeler Tennessee Jet (bien qu’il soit né en Oklahoma) débute un troisième album plus que jamais estampillé au Bakersfield sound de ses modèles outlaws. “The Raven & The Dove” (qu’enregistra l’an dernier Cody Jinks sur son album “The Wanting”) délivre sa dose de pedal-steel bon teint, tandis que “Johnny” traite de la disparition prématurée du honky-tonk hero Johnny Horton, sur un mode réminiscent de la geste de Kurt Cobain (y alternant le calme et la tempête en mode slide électrique, tout comme plus loin le furieux “Hands On You”, consumé de jalousie). La cover du “Pancho & Lefty” de Townes Van Zandt n’apporte pas grand chose, en dépit des contributions vocales de Cody Jinks et Elizabeth Cook, mais le folky “Off To War” élève sensiblement le niveau, tutoyant en mode guitare-harmonica le Dylan d'”Another Side Of” et le Jim Croce de “Photographs & Memories” (“You can call me a man or a son of a bitch, I get a feeling I can’t tell which is which”). Entre Dwight Yoakam et Buck Owens, “Someone To You” déroule son tapis de pedal-steel lacrymale et de violon, sur le rythme placide et claudiquant seyant aux dimanches soirs dans ce Tennessee dont se réclame Jet. La plage titulaire renoue pour le meilleur avec la ligne dylanesque et dépouillée d'”Off To War”, confirmant combien le talent brut de notre jeune homme ne s’affirme jamais mieux qu’en pareil contexte, avec la punchline définitive: “I miss you like the country radio don’t play no more”. La jubilatoire reprise en mode bluegrass du “She Talks To Angels” des Black Crowes (violon cajun et pedal-steel inclus) témoigne du patrimoine du garçon, avant que le délicat “Sparklin’ Burnin’ Fuse” ne conclue l’affaire dans la veine de “John Wesley Harding” et “Nashville Skyline”. On fait pire, comme références, et Tennessee Jet rejoint ainsi Colter Wall et Charley Crockett au palmarès de notre country contemporaine favorite.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 15th 2020