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Qui est le roi de la jungle? Akim, le gardien de réserve d’animaux sauvages (1958), Zembla, le redresseur de torts (1963), Rahan, le fils des âges farouches (1969)…? La liste de tarzanides – néologisme du critique littéraire Francis Lacassin – semble sans fin. Aussi l’éditeur Graph Zeppelin rend-il hommage à l’original. Avec Tarzan Of The Apes (Tarzan, Seigneur De La Jungle, en France), l’auteur de pulp fictions Edgar Rice Burroughs élève dès 1912 les romans d’aventures exotiques et sauvages au rang de genre littéraire majeur (en businessman éclairé, il dépose également la marque Tarzan et vend des licences d’exploitation à des franchisés). A sa mort en 1950, il est l’écrivain le plus lu au monde. L’homo sapiens dépeint dans les premiers strips du dessinateur Harold Foster (1929), l’athlète primitif campé par Johnny Weissmuller dans le film Tarzan The Ape Man (1932), ou le sauvage des couvertures heroïc fantasy de Frank Frazetta sont autant de variations sur le même thème. Mais l’adaptateur le plus fidèle des romans de Burroughs est Russel George Manning, dessinateur le plus en vue de la côte ouest étatsunienne, qui se voit confier les strips de Tarzan (1 à 3 cases, en noir et blanc) dans la presse quotidienne de 1967 à 1972, et les demi-pages (couleur) dans la presse dominicale jusqu’en 1979. Son style vif, clair, au jeu d’ombre subtil, lui vaudra d’être intronisé au Comic Book Hall Of Fame en 2006. Ce premier volume d’une série de quatre, luxueusement présenté en dos toilé, couvre la période de décembre 1967 à mai 1969 avec deux histoires complètes des “dailies” et trois des “sundays” contextualisées par l’assistant encreur et coloriste William Stout. Tarzan, Jane et leur fils Korak y affrontent les hommes-bêtes de l’antique cité sanguinaire d’Opar, ainsi que les hommes-queues (sic), les hommes ailés et les hommes-singes du monde perdu de Pal-Ul-Don. Le parfum de science-fiction qui plane à partir de l’épisode des hommes-fourmis lorsque “la réalité, plastique, peut être contrôlée par la croyance” préfigure la période Star Wars de Manning, de 1978 à 1980. La restauration des quelques 650 strips, sur 288 pages de papier lourd graphique, ne souffre d’aucune approximation. Elle s’est d’ailleurs vue consacrée par l’Eisner Award 2014 dans la catégorie “Best Archival Collection: Comic Strips”. L’ouvrage, référentiel, est à ranger aux côtés des quatre premiers tomes de Terry Et Les Pirates (Milton Caniff, éditions BD Artiste, Eisner Award 2008) dont il partage le format à l’italienne… et sera à compléter par le volume deux (mai 1969 – juillet 1971), attendu en librairie le 15 mai 2019. Indispensable!
Jean-Christophe Baugé
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