Tangora – Confluences

(Ames – Harmonia Mundi / AM3015)
Jazz
Dès le premier titre de cet opus, ‘Inolvidable’, vous avez l’œil qui s’éclaire, les poils qui se dressent car la voix de la belle Tangora vous colle un énorme frisson, instantanément, avant que les musiciens ne se lancent et que vos doigts pianotent sur tout ce qu’ils peuvent trouver. Enfin, vous dites-vous presque, tant l’intro de cette première chanson et de cet album vous prend aux tripes.
 
Tangora, c’est une voix lumineuse et belle comme l’étoile du Sud, la plus lumineuse de toutes, une voix tendre et chaude à la fois, une voix aussi fragile et rare qu’un rayon de soleil en pleine nuit.
Mais plus les titres se suivent, ‘Maracaibo’, ‘Trinidad’ puis ‘Leo’s Waltz’, plus la voix vous pénètre dans la peau, vous entraînant dans une folle sarabande où rythmes latinos et caribéens fusionnent avec un jazz sans frontières, universel dans son âme comme dans ses notes.
 
Avec une aisance et une facilité déconcertante, Tangora vous fait voyager, vous emportant avec elle dans un ciel étoilé où ses yeux scintillent comme deux astres à la lumière éternelle. On passe de Maracaibo à Trinidad avant de tanguer sur une rumba et de s’envoler pour une ‘Moon Dance’ (signée Van Morrison) qui vous file un sacré coup de jeune, quelque soit votre âge.
 
Un album, miracle de jazz chanté, auquel les musiciens apportent une contribution très classe, présents et effacés à la fois pour ne jamais faire la moindre parcelle d’ombre à la voix sublime de Tangora. Ces artistes à la sensibilité en adéquation avec Tangora sont Mario Canonge au piano, Emmanuel Bex à l’orgue, Eric Vinceno à la basse, François Laizeau à la batterie, acompagnés de guests tels Bibi Louison au piano, Duvone Stewart aux percus et Jacques Schwarz-Bart au sax.
 
Le plus surprenant pour qui connait une parcelle de l’histoire de Tangora, est que cet opus respire une extraordinaire joie de vivre alors qu’elle a du dire au-revoir à Claude Sommier, pianiste et compositeur antillais dont elle était la ‘muse’, qui a lutté dix ans contre une terrible maladie qui l’a privé de l’usage de ses membres. Une épreuve pour le musicien, l’artiste et le médecin qu’il était et qu’il a affrontée de face, sans jamais douter de la vie, accompagné pendant tout ce temps par le rayon de lumière qu’était Tangora. Un rayon de lumière qui a dédié ce superbe album à cette âme partie trop tôt, une âme qui touchait au divin et qui a laissé filtrer en Tangora ce quelque chose d’infini qui fait d’une chanteuse de jazz une diva, tout simplement.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
 
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