TAN LeRACOON – Funeral Parade Of Roses

Légère Recordings
Alternative Rock
alternative-rock- TAN LERACOON

De son véritable état-civil Tanju Boerue, Tan LeRacoon coche pratiquement toutes les cases du cult-hero underground. Ayant croisé la route des défunts frangins Nikki Sudden et Epic Soundtracks (ainsi que celle des Slits), il s’avère en effet quasiment capable de tout, depuis la ballade toxique et hagarde entre Syd Barrett, Kevin Ayers et Peter Perrett (les renversants “Your Own Way” et “Through The Angel’s Gate”), jusqu’à cette bâtardisation proto-discoïde du punk new-yorkais qu’incarnèrent en leur temps les London Cowboys, en passant par une glam-soul énervée, couinée sur un ton évoquant Marc Bolan période Gloria Jones (“Tanuki Is Back”). L’imparable single “She Said She’s Sad” et “Prejudice & Injusticies” procurent ainsi la sensation troublante d’entendre le trio Beechwood télescopé par le funk déviant de James Chance, au sortir d’une bouche de métro, tandis que “Two Fingers” ressuscite le tom-tom sépulcral de Moe Tucker sur “Venus In Furs”, et que le twist synthétique d'”Instant Gratification Society” renvoie aux Modern Lovers de Jonathan Richman. Basé à Hambourg, Tan LeRacoon y est devenu le chouchou du festival de la Reeperbahn (quartier rendu célèbre par les Beatles, qui y animèrent jadis le Star-Club et le Kaiserkeller), où son souffle bordélico-poétique (sorte d’héritage putatif de Don Van Vliet et des Virgin Prunes) emporte systématiquement l’adhésion. On croise encore, au fil de cet album, une sorte de dub psycho-situationniste (“Battle Is Over, War Isn’t Won”), des fulgurances électriques évoquant les cavalcades de The Church circa “Blurred Crusade” (“Killing Windmills”) et du reggae des Balkans façon Goran Bregovic (“Burning Sears Of Destiny’s Child”, “God’s Own Religion”). C’est cru, c’est brut, et le tout exhale un charme aussi déstabilisant qu’addictif: la marque des authentiques originaux.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 15th 2020