SWEET SPIRIT – Trinidad

Merge / Modulor
Pop
SWEET SPIRIT - Trinidad

Comment peut-on être nostalgique d’époques que l’on n’a pas connues? Chez nombre de mélomanes, ce fantasme de la DeLorean DMC-12 qui transportait Marty McFly et le Doc dans “Back To The Future” est pourtant très répandu. C’est apparemment aussi le cas de SWEET SPIRIT, ce conglomérat texan dont les membres appartiennent par ailleurs à une douzaine d’autres formations. Contrairement à ce que son label actuel semble vouloir occulter, ceci est bien leur troisième effort depuis 2015, qui les voit dériver plus avant entre techno-pop eighties et le glam-rock originel. Avec son riff façon Keith Richards du pauvre, “Fear Is A Lie” s’avère en effet le petit-fils du “Get It On” de T-Rex, tandis que “No Dancing”, “Llorando” et “Empty Bottle” assument une alerte touche synth-funk, et que les rengaines electro-blues “Fingerprints” et “Y2K” rappellent les Motels de Martha Davis. Plus ouvertement rétro encore, la bluette “Only Love” évoque à s’y méprendre la touche kitsch de la Blondie de “Parallel Lines”, tandis que l’intro d’orgue du slow “Coincidence” en fait autant avec celle du “Whiter Shade Of Pale” de Procol Harum. Avec le traitement sonore ad-hoc, le timbre vocal acidulé de la pseudo-lolita Sabrina Ellis s’apparente souvent à celui de célèbres pop-stars asiatiques, accentuant si besoin encore le caractère exotique de l’entreprise. Un disque quelque peu fétichiste, pour auditeurs du même acabit.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 13th 2020