| Soul |
On a beau savoir que Ray Charles et Tina Turner l’osèrent en leur temps, à quoi pourrait bien rimer tout de même un album country de Swamp Dogg? À bientôt 78 ans, Jerry Williams (celui-là même qui adopta le pseudonyme de Chien des Marais voici un demi-siècle) peut-il ainsi faire son coming-out en tant que fan de George Jones et consorts, et tourner de ce fait le dos à ses propres racines gospel et soul? Snoop Dogg lui-même n’en a pas dû croire ses oreilles, mais que la légion internationale des fans du Swamp Dogg se rassure. Il ne s’agit en effet que de l’une des inénarrables pochades dont s’est avéré capable l’auteur de “Total Destruction To Your Mind” au fil des ans. Certes, le “Don’t Take Her (She’s All I Got)” qu’il co-signa pour Freddy North avec Gary U.S. Bonds en 1971 atteignit la seconde place des charts country dans sa version par le bien nommé Johnny Paycheck, et ce brave Jerry persiste à clamer que “la musique black ne passait à la radio qu’entre dix heures du soir et quatre heures du matin” et qu’étant alors déjà couché, “si vous enlevez les cuivres et les parties de guitare de ma musique, ce qu’il en reste, ce sont des chansons country”. Il n’en demeure pas moins que l’on ne peut retirer si facilement ses rayures au zèbre, et qu’en dépit de quelques steel guitars disséminées (et de deux duos avec John Prine, que l’on ne pourrait décemment confondre avec Roy Rogers), voici bien (pour notre soulagement collectif) un authentique album de southern-soul bon teint. “Family Pain”, “Good, Better, Best” et “Sleeping Without You is A Dragg” n’auraient ainsi pas déparé le répertoire des regrettés Eddie Hinton, J.J. Cale et Leon Russell (tous trois rednecks défroqués, et adeptes d’un sain crossover), tandis que “I’d Rather Be Your Used To Be”, “I Lay Awake”, “A Good Song” et “Billy” franchissent allègrement la ligne de chemin de fer pour retourner faire vibrer le piano de l’église des Révérends Al Green et Jesse Jackson. Sacré farceur, va.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 2nd 2020
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Jerry Williams Jr., alias Swamp Dogg, est un chanteur américain de soul et de R&B, musicien, auteur-compositeur et producteur de disques. Il a été décrit comme “l’une des grandes figures culte de la musique américaine du 20e siècle”. Et c’est, en fait, un personnage qui affiche près de 70 albums à son compteur! Après avoir signé des albums sous le nom de Little Jerry et Little Jerry Williams, il adopte le surnom de Swamp Dogg dans les années soixante-dix. En 2018 il sort un album, Love, Loss, And Auto-Tune, qui a démarré à la 11ème place du Billboard. Ce qui ne lui était pas arrivé depuis le succès obtenu en 1970, avec le morceau Mama’s Baby – Daddy’s Maybe. Il a donc décidé, cette fois-ci, de rendre hommage à la musique country qu’il écoutait dans son enfance. Il en a, pour cela, enregistré 10 morceaux pour cet album et il n’a pas hésité à enfiler les santiags et le Stetson pour sa cover. C’est le producteur de musique country Ryan Olson qui produit l’album qui a donc été naturellement enregistré au Studio Emporium de Nashville. Cet immense artiste a commencé sa carrière professionnelle en tant que chanteur pour devenir ensuite directeur artistique chez Atlantic Records et reprendre enfin celle-ci en tant qu’artiste. Derik Lee est aux claviers, Jim Oblon à la guitare, son collaborateur, artiste de Soul et de R & B, Moogstar, John Prine, auteur compositeur interprète de Country Folk, Chris Beirden, guitariste du groupe Poliça, de l’artiste folk Sam Amidon, de Justin Vernon du groupe Bon Iver. Pas moins de 14 musiciens accompagnent d’ailleurs Swamp Dogg sur sa nouvelle version de Don’t Take Hes (She’s All I Got). En bref c’est la fabuleuse histoire d’un artiste qui joue pour son grand plaisir et celui de ses amis. A marquer d’une pierre blanche parce que ce très beau geste fait vraiment plaisir à beaucoup de monde!
Dominique Boulay
PARIS-MOVE & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, March 4th 2020