Susan Tedeschi – Back to the River

Verve – Universal
Blues
Les mauvaises langues vous diront ceci: c’est parce qu’elle est la femme du nouveau Dieu de la guitare, Derek Trucks, que le succès ne pouvait échapper à Susan Tedeschi, qui en plus est une belle plante, ce qui facilite encore la tâche, vous diront d’autres, plus perfides encore. Mais quand ils comprennent que la Miss n’a pas attendu de rencontrer son gratteux de mari pour non seulement composer ses propres chansons, mais aussi se produire sur scène, le ton change, et le respect s’installe, de fait, car elle en impose, ‘la’ Tedeschi.
 
C’est en effet à 5 ans que Susan Tedeschi assurait déjà la doublure dans une comédie musicale, à Broadway, avant d’aller chanter dans des églises baptistes Afro-américaines puis de jouer dans différents groupes pour enfin former le sien, à 18 ans, The Smokin’ Section.
 
Nominée quatre fois aux Grammy Awards, Susan Tedeschi fut lauréate du W.C. Handy Award de l’Artiste Féminine deux années de suite, en 1999 et en 2000, c’est dire le talent de la Miss, reconnu et salué par de nombreux artistes qui l’invitent de plus en plus souvent comme guest. C’est ainsi qu’elle a joué ou assuré les premières parties des Stones, B.B. King, Buddy Guy, Bob Dylan, Taj Mahal, The Allman Brothers Band, sans oublier que ce fut elle qui fit jouer le regretté Sean Costello sur son premier album, ‘Just Won’t Burn’, sorti sur le label indé Tone-Cool Records.
 
Assurément Susan Tedeschi pourrait servir de modèle à de très nombreuses femmes tant sa réussite professionnelle et son bonheur dans la vie privée lui donnent une aura, une force qui semble transporter des montagnes. Ses enfants? Elle et son mari les emmènent avec eux en tournée chaque fois qu’ils le peuvent, et c’est ainsi que la vie semble plus facile, plus belle aussi.
 
Indéniablement, ce bonheur intense qui émane de Susan Tedeschi irradie au travers de son album. Les titres sont comme marqués par cette intensité qui la rend plus belle et plus forte encore : l’intro du premier titre, déjà, rien que ça, sonne comme…, comme…, et cette voix qui jaillit vous colle au siège car oui, oui, cela vous rappelle d’un coup la grande, l’immense Janis Joplin. Et même si le nom de Janis vous vient immédiatement en mémoire, tout le reste de la chanson et de l’album n’est pas du Janis Joplin mais du Susan Tedeschi, avec cette voix éraillée et brûlante comme la lave qui dévastera votre cœur, secouera vos neurones, perforera votre cuirasse de macho, vous saisira aux tripes et ne vous lâchera plus.
 
Seule reprise, ‘There’s A Break In The Road’, emprunté à Allen Toussaint, complète dix titres composés et co-signés par Susan Tedeschi et de grosses pointures telles Doyle Bramhall II, John Leventhal, Tony Joe White, Gary Louris, et Derek Trucks, entre autres.
 
Produit par George Drakoulias (Black Crowes et Tom Petty), l’album regorge de pépites, plus belles les unes que les autres, mais dont l’une possède sans aucun doute ce petit plus incontestable qui fait d’une chanson un hit, et d’un hit un inoubliable qui restera gravé dans l’histoire de la zik, la chanson ‘Back To The River’ coécrite avec Tony Joe White et dans laquelle on reconnaît le fabuleux son et jeu de gratte du renard des marais. Hasard ou pas, c’est d’ailleurs la chanson qui donne son titre à l’album.
 
Un album chaud, lumineux, intense, qui vous fera avaler des milliers de kilomètres en appuyant juste sur la touche ‘replay’. Un album que vous pourrez vous passer pendant des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines et des semaines, des mois et des mois, des années et des années sans jamais vous lasser.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
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