Supersonic Blues Machine – West Of Flushing, South Of Frisco

Provogue
Rock

Qui de nos jours se souvient de Felix Pappalardi? Ce fils d’immigrés ritals à New-York produisit pourtant le “Wheels Of Fire” de Cream, avant de co-fonder Mountain avec Leslie West, tout en poursuivant une carrière de producteur plaqué or. Si ce brave Felix n’avait été abattu par sa légitime à l’âge précoce de 43 ans, on n’aurait peut-être jamais entendu parler de Fabrizio Grossi. Arborant le même profil une génération plus tard, ce dernier s’avère lui aussi bassiste et producteur, et peut arborer à ce titre un carnet d’adresse impressionnant. Il s’est donc assuré les services du batteur multi-platiné Kenny Aronoff, ainsi que ceux du songwriter et guitar player Lance Lopez pour monter son propre power blues trio. Les guests se bousculent au portillon: de Billy Gibbons (qui chante et napalmise ici “Running Whiskey”) à Chris Duarte, en passant par Warren Haynes, Eric Gales, Robben Ford et Walter Trout, c’est une espèce de Davos blues-rock que propose ce premier album de Supersonic Blues Machine.
Qu’ils recyclent des standards tels que “Ain’t No Love In The Heart Of The City” (initialement enregistré par Bobby ‘Blue’ Bland, et repris ensuite par quasiment tout le monde, depuis Whitesnake jusqu’aux Allman Brothers, en passant par Paul Weller et… Vaya Con Dios), ou plus prosaïquement le riff de “La Grange” pour leur propre “Bone Bucket Blues”, ces lascars maîtrisent manifestement leur sujet, naviguant entre Skynyrd seconde époque, ZZ Top et le blues-rock urbain des seventies. Seule réserve au demeurant: aucune de leurs compos ne présente la moindre originalité. Et surtout, il manque à tout ceci l’odeur familière de crottin et de chaussettes trouées qui caractérisait leurs modèles. Comme continuent de le scander les pirates chez Astérix: O tempora, O mores…

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder
Supersonic Blues Machine