Afrobeat

Né au début des années soixante des fusions successives d’orchestres tels que l’Alliance Jazz de Ségou, l’Orchestre Régional de Ségou, ou encore l’Écho Du Royaume Bambara de Ségou, le Super Biton de Ségou a traversé les décennies sous ce nom de 1973 jusqu’à nos jours. Les tournées africaines de Louis Armstrong (en 1960), puis de Duke Ellington (en 67), suscitèrent maintes vocations chez les musiciens locaux, essaimant en de multiples formations emblématiques. Du Rail band de Bamako au Kéné Star de Sikasso, et du Goffé Star de Kayes ou du Kanaga de Mopti aux Ambassadeurs du Motel, ainsi qu’au Mystère Jazz de Tombouctou, c’est une véritable génération spontanée qui émergea alors. Bientôt reconnu et célébré dans toute l’Afrique de l’Ouest, le Super Biton, après avoir triomphé lors du Festac Festival de Lagos en 1977, ne tarda pas à s’exporter également en Europe (notamment au Festival Jazz & Musiques Métisses d’Angoulème en 1983, ou deux ans plus tard au Palais des Glaces de Paris).
Basée sur des chants traditionnels mandingues, la musique du Super Biton s’imprègne autant de rythmes afro-cubains que des arrangements cuivrés de la soul et du jazz américains. La sensuelle nonchalance qu’infusent ses rythmes chaloupés incite autant à la danse qu’à la romance, et cette compilation restitue dans son jus (en huit titres emblématiques, dont deux dépassent amplement le quart-d’heure) la chaleureuse empathie que distillait cette formation entre 1970 et 1980. Flirtant allègrement avec l’Afro-Beat d’un Fela (orgue électrique vintage et guitare électrique à l’appui), voici un disque à l’écoute duquel vous ne tarderez pas, vous aussi, à faire le Malien.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 3rd 2021